Depuis 1996, la surveillance de la coqueluche repose sur les données recueillies par les cliniciens et les bactériologistes du réseau sentinelle hospitalier pédiatrique métropolitain, le réseau Renacoq. Son objectif est double : suivre l'évolution des formes graves de coqueluche ; évaluer l'impact des mesures de prévention sur l'épidémiologie de la maladie. Bien que la vaccination ait réduit l'incidence de la maladie, l'augmentation de la proportion de cas chez les nourrissons, trop jeunes pour être vaccinés, et chez l'adolescent ou l'adulte jeune, non protégé en raison d'une durée limitée de la protection conférée par la maladie ou le vaccin, justifie le maintien d'une telle surveillance.
Pourtant, les résultats 2001 publiés dans le « BEH » (n °44/2003) montrent que si le taux de participation est stable pour les bactériologistes, « il a baissé de 86 % en 1996 à 74 % en 2001 pour les cliniciens ». Ce chiffre est confirmé par la diminution de la proportion des cas documentés qui s'est également poursuivie en 2001, pour ne représenter que de 55 % des cas identifiées (98 % en 1996). Cela « traduit essentiellement, affirment les auteurs de l'étude, une baisse de participation des pédiatres hospitaliers, très largement sollicités par ailleurs et dont l'enthousiasme s'essouffle après six ans de collaboration au réseau ». Ce sont eux qui notifient les cas à l'aide d'une fiche remplie à l'occasion d'une hospitalisation ou d'une consultation. Une simplification de l'outil de surveillance serait donc à envisager afin d'améliorer la participation des cliniciens. Le maintien de la qualité du système de surveillance reste, en effet, primordiale si on veut « mesurer l'impact des modifications récentes ou à venir de la politique vaccinale contre la coqueluche : utilisation des vaccins cellulaires, rappel tardif à 11-13 ans, voire introduction dans le futur des rappels chez l'adulte ».
Du point de vue de la surveillance proprement dite, les données épidémiologiques confirment la baisse de l'incidence observée les années précédentes (hormis les pics épidémiques de 1997 et 2000). Sur 1 714 cas de coqueluche suspectés, 344 (20 %) ont été confirmés. Parmi eux, seulement 190 ont donc été documentés et ont pu être analysés. Les jeunes nourrissons représentent toujours la grande majorité des cas identifiés, avec 72 % de cas chez les moins de un an et 41 % chez les moins de trois mois. Le pourcentage d'hospitalisations est lui aussi stable : 79 % des cas ont été hospitalisés, surtout chez les moins de 3 mois.
Vaccination tardive
La proportion des cas survenant chez des enfants âgés de plus de 4 mois et correctement vaccinés est élevée : 18 cas (41 %) identifiés chez des enfants ayant reçu 3 doses ou plus pour les 5-23 mois, 4 doses ou plus pour les 2-10 ans et 5 doses ou plus pour les plus de 10 ans. Cette proportion élevée, qui est le reflet d'une très bonne couverture vaccinale, « ne remet pas en cause la très bonne efficacité du vaccin coquelucheux ». Au contraire, affirment les auteurs, « trop de cas surviennent chez des enfants ayant débuté tardivement la vaccination. Il est très important, insistent les auteurs, que la primo-vaccination ait lieu dès le 2e mois. » Si, parmi les 45 enfants de moins de 2 mois, un seul avait reçu une première dose à 7 semaines de vie, chez les enfants âgés de 2 à 4 mois, 71 % (n = 36) n'avaient encore reçu aucune injection et 29 % étaient vaccinés de façon incomplète. Trois décès sont survenus chez des enfants qui n'avaient pas été vaccinés (2 nourrissons de moins de 2 mois, un de 11 mois).
La contamination des enfants contaminés par la fratrie est en baisse de 33 % par rapport à la période 1996-2000. Et surtout, l'âge moyen du contaminateur est plus élevé (23 contre 19 ans). « Il pourrait s'agir d'un premier impact de la vaccination de rappel à 11-13 ans », notent les auteurs.
Enfin, du point de vue bactériologique, la coqueluche a été confirmée au laboratoire chez 86 % des patients. Cependant, la meilleure sensibilité de la PCR se traduit par un recours moins important de la mise en culture. Or, cet examen reste essentiel au suivi épidémiologique des souches circulantes de Bordetella pertussis.
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