Une nouvelle parasitose humaine, la dermatite des canards, fait l'objet d'une communication de P. Bourée et F. Botterel (1), aujourd'hui, aux Entretiens de Bichat.
On sait, rappellent les auteurs, qu'en pays tropical un bain en eau douce expose à la bilharziose : les furcocercaires pénètrent à travers la peau, gagnent le foie pour la maturation et la fécondation, puis vont se loger dans les vaisseaux de l'intestin ou de la vessie, provoquant les symptômes de la bilharziose.
« Une affection proche existe aussi dans les pays tempérés, due à la bilharziose des oiseaux aquatiques. » De quoi s'agit-il ?
Dans certains lacs européens, il existe des cercaires de canard, de cygnes et d'oie.
Certains de ces animaux aquatiques sont porteurs de bilharzies (trichobilharzie, microbilharzie), dont ils sont les hôtes définitifs. Leurs excréments contiennent des oeufs de parasites. Après éclosion de l'uf, l'embryon colonise un mollusque ( Bithynia, Radix) ; après multiplication, les parasites ressortent du mollusque sous forme de furcocercaires ; ceux-ci traversent les téguments d'un animal aquatique, deviennent des vers adultes qui migrent dans les vaisseaux intestinaux, pondent des oeufs... qui sont éliminés avec les déjections de l'oiseau. A noter que l'affection animale a reçu l'appellation populaire de « maladie de la puce des canards ».
Eruption prurigineuse
En été, les parasites prolifèrent et s'accumulent près des mollusques.
Quand l'homme se baigne dans une eau infestée, les cercaires traversent sa peau et provoquent une réaction immunitaire. Dans les heures qui suivent, apparaissent un érythème et une éruption maculopapuleuse soit localisée aux membres inférieurs, soit diffuse ; le prurit est important.
Fort heureusement, comme il s'agit d'une parasitose animale, le cycle parasitaire ne peut pas s'effectuer normalement et les parasites se lysent. Le prurit disparaît en une dizaine de jours au maximum.
Le traitement est purement symptomatique et repose sur les antihistaminiques. C'est dire l'importance de la prévention, soulignent les auteurs : ramassage de mollusques, nettoyage des berges ; traitement des canards par des appâts ; éviter de nourrir les canards et, donc, de les attirer dans des endroits touristiques.
Sur le plan individuel, il faut évidemment ne pas se baigner dans un lac où nagent des canards ou des cygnes. Et, si l'envie a été plus forte que la raison, il faut, dès la sortie de l'eau, se doucher avec savonnage ; et, surtout, bien se sécher pour éliminer les furcocercaires qui resteraient sur le peau... « car elles pénètrent dans la peau quand l'eau s'évapore ».
(1) P. Bourée et F. Botterel, unité des maladies parasitaires et tropicales, hôpital Bicêtre.
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