COMME LE DIT le présentateur quelque peu compassé Bernard Gavoty (qui était organiste et critique musical au « Figaro » sous le pseudonyme de Clarendon) lors d’un concert consacré au compositeur français à l’occasion de ses 60 ans à la salle Gaveau le 14 mai 1959 : «On ne présente pas Francis Poulenc!» Et par « friends », il faut entendre toute une génération d’interprètes qui furent les premiers à défendre ses oeuvres, comme les pianistes Jacques Février, Gabriel Tacchino et Christian Ivaldi, le flûtiste Jean-Pierre Rampal, le soprano Denise Duval, le chef Georges Prêtre, l’organiste Bernard Grunenwald. D’autres générations sont venues donner des interprétations techniquement plus parfaites, mieux desservies par les techniques d’enregistrement, mais on n’a jamais retrouvé cette fraîcheur du style, recueilli, de première main, du vivant de Poulenc (1899-1963).
On appréciera forcément la joute orale entre interviewer et interviewé qui ouvre le concert. Gavoty manie le «cher ami» comme on n’oserait plus mais connaît fort bien son affaire et son monde, à la différence des présentateurs à la mode d’aujourd’hui qui n’hésitent pas à caser une bourde à la minute. Et Poulenc est beau parleur, intelligent et homme d’esprit comme il en fourmillait dans le Paris artistique d’après-guerre. Ensuite, imaginerait-on cela de nos jours, un public fort sérieux qui pose au compositeur des questions très pertinentes auxquelles Poulenc répond le plus cordialement du monde. Ni le star-système ni le snobisme n’avaient encore sévi dans le milieu de la musique.
Puis, place à la musique, et quelle musique ! Tout Poulenc y est présent, «moine et voyou», comme on se plaisait à le qualifier, avec sa musique sacré, pianistique, de chambre, mélodique. Denise Duval s’y taille la part du lion avec, accompagnée par Poulenc au piano et de la voix, trois grands extraits des oeuvres théâtrales : « les Mamelles de Tirésias », « la Voix humaine » et « Dialogues des carmélites ». Si la créatrice a certainement été dépassée depuis pour la simple beauté vocale, quel esprit et quelle leçon de style ! Parmi ceux non déjà cités, Gabriel Bacquier pour trois mélodies, Maurice Gendron au violoncelle, Robert Veyron-Lacroix au piano, bref tout un florilège de musiciens formant le plus passionnant des documents et le plus touchant des hommages à une de nos gloires nationales.
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