Vos malades ont lu
« Pour la science », octobre
Pharynx grand ouvert, trompes d'Eustache fermées, muscles de la mâchoire et du cou contractés, tronc et membres étirés, paupières closes laissant parfois perler une larme, l'inspiration profonde est à son débit maximal, nous sommes à l'acmé du bâillement, respiration bloquée quelques instants, avant que ne survienne l'expiration bienfaitrice et sonore. L'attitude est stéréotypée et commune à tous les vertébrés. Toutefois, elle présente chez l'homme une caractéristique unique : elle se propage rapidement d'un individu à un autre. Selon le dicton, « un bon bâilleur en fait bâiller sept », rappelle le mensuel « Pour la science », qui tente d'analyser les mécanismes de cet étrange phénomène.
Plus que d'une contagion, il s'agirait plutôt d'une réplication comportementale ou mimétisme. En août 2003, Steven Platek, psychologue américain, a montré que certains sujets sont plus sensibles au bâillement que d'autres. Ils le sont d'autant plus qu'ils sont capables d'empathie et ont la capacité d'entrer en résonance avec les affects inconscients d'autrui. Bâiller permet la synchronisation des états de vigilance entre individus. Le mécanisme est automatique, non conscient, et fait intervenir le système des neurones miroirs qui intervient lorsque nous agissons, mais aussi lorsque nous imitons les actions d'autrui.
Passion de l'orchidée
« Sélection, Reader's Digest », octobre
La beauté exubérante des orchidées fascine depuis toujours. Elle déclenche une telle passion que les chasseurs d'orchidées pillent les forêts tropicales et certaines variétés sont en voie d'extinction. Si la fleur est souvent associée au charme féminin - certaines sont baptisées « filles de l'air », d'autres, « filles de nuit » -, la revue rappelle que « l'orchidée - du grec orkhis (testicule) - doit son nom à la ressemblance de ses racines tuberculeuses avec l'anatomie masculine ». Au XVIIe siècle, le botaniste anglais Nicholas Culpeper conseillait d'utiliser ses racines « avec discrétion. Elles sont chaudes et humides, sous la domination de Vénus, et attisent le désir ». Synonyme de passion, mais aussi de puissance sexuelle et de fécondité, les scientifiques ont longtemps hésité à lui trouver une place dans l'ordre végétal. Grâce au décryptage de ses séquences d'ADN, c'est aujourd'hui chose faite. Elle se situe désormais aux côtés des asperges (famille des asparaginées) réputées pour leurs effets aphrodisiaques, ce qui semble valider leur usage ancestral.
Notre oeil au laser
« Madame Figaro », 11 octobre
« Fini le temps où l'on sculptait la cornée au bistouri ! Aujourd'hui, le laser a remplacé le scalpel, et l'informatique, l'il de l'ophtalmologiste. » Avec l'aide du Dr Laurent Benzancken, chef du service d'ophtalmologie de l'hôpital Robert-Ballanger (Aulnay-sous-bois), « Madame Figaro » fait le tour des nouvelles techniques de chirurgie réfractive : PKR, lasik et lasek. La photokératectomie réfractive, qui s'adresse aux myopies, astigmatismes et hypermétropies peu importantes, consiste à appliquer le laser après un pelage de la couche superficielle de la cornée. Les suites sont douloureuses (deux ou trois jours) et la récupération visuelle peut être lente (une semaine environ). Le lasik intervient plus en profondeur, dans l'épaisseur de la cornée, après découpe chirurgicale d'un volet de tissu cornéen qui sera remis en place en fin d'intervention. Les suites sont moins douloureuses et la récupération visuelle plus rapide (dès le lendemain). Il faut tout de même attendre cinq ou six semaines pour un retour à une vision optimale. Enfin, le lasek se fait après décollement manuel d'une fine couche du tissu cornéen sur lequel a été appliquée une préparation chimique.
Toutes ces techniques sont rapides : moins de dix minutes par il et quinze minutes en salle de repos, avec un retour à domicile immédiat. Elles coûtent entre 1 000 et 1 500 euros par il, non remboursés. Mais, prévient le magazine, pas question de « supervision », même si la plupart des opérés ont instantanément « une impression de liberté extraordinaire ». Ces interventions « ne font pas mieux que la nature et peuvent même faire un peu moins bien que les lentilles correctrices ». De plus, les complications, même rares (moins de 1 %), existent . La sur- ou la sous-correction nécessitent une nouvelle intervention après quelques semaines. La présence de halos colorés (15 % des opérés) est plus ennuyeuse, mais disparaît en quelques semaines. Le haze, ou brouillard cornéen, et la baisse de la sensibilité aux contrastes peuvent persister, tout comme la sécheresse lacrymale. Le SOS-syndrome est la complication à redouter ; rare (moins de 1 cas sur 1 000), elle impose un traitement d'urgence.
On n'éduque pas à l'amour
« L'Express », du 9 au 15 octobre
A l'occasion de la sortie de son livre, « Tout ce que vous ne devriez jamais savoir sur la sexualité de vos enfants », le Pr Marcel Rufo accorde un entretien à « l'Express ». Contre l'exhibitionnisme et la culture de la transparence, il fait l'éloge de la pudeur et du secret. Les enfants doivent s'initier entre eux à la sexualité, et les parents, respecter leur intimité. Car « c'est l'un des derniers lieux de mystère et de conquête de soi. Les parents n'ont pas à s'en mêler : on n'éduque pas à l'amour », explique-t-il. Il dénonce la tendance à trop dire, à trop informer et à trop savoir. « Les enfants n'ont pas à connaître la sexualité de leurs parents. Leur ignorance les protège et les aide à se construire », affirme-t-il. Ce faisant, il égratigne quelques-uns de nos dogmes contemporains. Contre la parité dans les rôles sexuels, il affirme : « Ce sont les différences qui fondent l'envie future du petit garçon ou de la petite fille de conquérir le monde. » Contre tous ceux qui tentent de culpabiliser les mères qui n'allaitent pas, il assène : on « ne peut pas allaiter et se faire caresser un sein : ça ne se partage pas, un sein ». Quant aux pères, qu'ils se contentent d'être des héros : « Ça meurt les pères. C'est même utile que ça meure. » « Trois Hommes et un couffin » est, selon lui, un film splendide, mais un "scandale social qui vient ponctuer les imbécillités de notre temps : le désir des hommes d'être des femmes"
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature