LE TEMPS DE LA MEDECINE
APPRÉCIÉE pour sa chaire blanche, ferme et savoureuse, la réputation de la vive est écornée par ses épines. Ce poisson circule essentiellement dans la mer du Nord et la Méditerranée. Il vit au large en hiver, se rapproche des plages vers l'été et au printemps, et s'enfouit dans le sable pour attendre ses proies : crevettes, petits poissons, vers. Perturber sa tranquillité est source d'ennuis.
« La majorité des accidents concerne les baigneurs marchant pieds nus sur les fonds sablonneux peu profonds ou les personnes manipulant ce poisson (pêcheurs, chasseurs sous-marins, cuisiniers », explique le Dr Michel Weiller (dermatologue à Antibes). Les épines de son arête dorsale se dressent, piquent, d'où pénétration d'un venin. « La douleur provoquée par la piqûre est extrêmement vive et intense, souligne ce spécialiste ; elle dure plusieurs heures, émaillée de paroxysmes, et peut entraîner immédiatement un malaise avec perte de connaissance exposant à la noyade. » Une réaction inflammatoire survient rapidement : œdème rouge, phlyctène, nécrose au point de piqûre, lymphangite locorégionale sont possibles. La personne atteinte doit parfois être aidée à sortir de l'eau tant cette douleur atroce peut être paralysante.
On ôtera avec précaution l'épine si elle est toujours là, puis on pourra approcher le bout incandescent d'une cigarette en regard de la piqûre, car le venin est thermolabile. Mais il est plus habituel d'éliminer au maximum le venin avec une seringue de dépression, avec ventouse du type Aspi-venin.
Enfin, on prodiguera les soins d'antisepsie habituels à toute plaie et on donnera des antalgiques (aspirine, paracétamol). « Les suites dépendent de l'importance de la blessure, de sa localisation, et du sujet atteint (enfant, personne âgée, etc.). L'hospitalisation est parfois nécessaire. Une impotence fonctionnelle, un oedème peuvent persister plusieurs semaines. Outre la cicatrice de la piqûre, d'importance variable, une raideur articulaire peut exister définitivement en cas de blessure juxta-articulaire. On comprend pourquoi, ajoute Michel Weiller, le port de sandales en bordure de mer est une mesure préventive utile. »
Rascasse, raie et murène.
Huit fois sur dix, c'est la vive qui est à l'origine des piqûres des baigneurs ou des pêcheurs. Mais d'autres poissons doivent être craints. La rascasse, surnommée le « scorpion de mer », car sa nageoire dorsale est hérissée de piquants venimeux, est un poisson de roche. Les pêcheurs à la ligne et sous-marins sont les plus exposés à ses piqûres. « Plus rarement, certaines raies entraînent les mêmes méfaits », précise Michel Weiller. La raie pastenague porte à la base de sa queue un aiguillon prolongé par une glande à venin. Sa piqûre est très douloureuse. Le mal est moindre avec la raie torpille, qui se contentera de vous envoyer une décharge électrique. Ce poisson se défend avec ses piles chargées d'électricité, qu'il envoie sur les importuns. Cette défense naturelle lui permet également de paralyser des petits poissons, qu'il mange ensuite.
Enfin, en Méditerranée, le plus inamical des poissons est la murène, qui menace surtout les plongeurs sous-marins. Son habitat est la roche dans laquelle, la plupart de son temps, elle reste blottie dans les anfractuosités. La murène est un poisson agressif dont la morsure est très douloureuse. Ses dents longues et pointues sont extrêmement septiques et entraînent des plaies qui s'apparentent à une morsure de chien. Mais, n'ayez crainte, ce poisson n'attaque que s'il est blessé ou en cas de danger, pour se défendre ou protéger sa progéniture durant la période de reproduction.
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