C'EST PEU dire que ses marges de manoeuvre semblent réduites. Pour son premier message adressé au monde hospitalier, Roselyne Bachelot n'a dégoupillé aucun scoop.
Il faut dire que Nicolas Sarkozy, l'avant-veille, avait livré l'essentiel, en annonçant une tarification à l'activité à 100 % dans les hôpitaux dès 2008.
A sa ministre de la Santé, le président de la République a tout de même laissé le soin de confirmer qu'il existera «un mécanisme d'accompagnement» pour les hôpitaux que cette mesure pénaliserait. De quelle sorte ? «Je vous répondrai plus tard», a botté en touche Roselyne Bachelot lorsque la question lui a été posée au congrès Convergences santé hôpital, jeudi dernier.
Le style, le ton de la ministre ont séduit l'assistance. Mais, après son discours, dans les couloirs du congrès, la même question courait sur toutes les lèvres : «Qui est aux manettes à la santé?»
Il est vrai que, sur chaque sujet évoqué, Roselyne Bachelot s'est rangée derrière Nicolas Sarkozy. «Le président de la République a annoncé une réforme du financement de l'assurance-maladie, la nécessité d'une maîtrise médicalisée et l'accélération de la T2A: c'est un défi considérable que nous devons relever», a déclaré la ministre.
Interrogée sur la liberté d'installation, mise en débat par le chef de l'Etat, Bachelot a fui la polémique. Elle a préféré reprendre la feuille de route tracée par son patron : «La piste de l'accord signé avec les infirmières libérales est intéressante, elle ne remet pas en cause la liberté d'installation. (…) J'ouvre le dialogue avec les médecins et je leur demande d'accélérer le pas.»
Mystère complet sur le découpage de l'objectif national des dépenses d'assurance-maladie pour 2008, le sujet « chaud » du moment qui divise libéraux et hospitaliers : «Je répondrai dans quelques jours.»
Financement du compte épargne-temps.
Nouvelle esquive à propos du financement des comptes épargne-temps, un dossier que Nicolas Sarkozy a lui-même qualifié de bombe à retardement durant la campagne électorale : «J'y travaille, on avance.» Un mot, tout de même, sur les recompositions hospitalières : «Il apparaît clairement que les plateaux techniques qui ne répondront pas aux exigences de qualité et d'efficience devront se restructurer», a affirmé Roselyne Bachelot, qui promet du sur-mesure en fonction de chaque situation locale.
En marge du congrès, le Dr François Aubart, coorganisateur de l'événement et président de la Coordination médicale hospitalière (CMH), a livré au « Quotidien » ce commentaire songeur : «Il se confirme que le pilote dans l'avion se trouve à l'Elysée. Je n'ai pas de commentaire à faire, à ceci près qu'aucun contact n'a été pris entre nos organisations syndicales et le cabinet de Nicolas Sarkozy. On vit au rythme imprévisible d'événements que l'on découvre dans les médias. Pour le moment, il n'y a pas de dialogue social. Mais on ne fait pas de rupture sans dialogue social.»
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