DANS UNE TRIBUNE parue dans « le Monde » daté d'hier (27 septembre), la ministre de la Santé défend les franchises telles qu'elles viennent d'être arrêtées dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (Plfss 2008, voir « le Quotidien » du 26 septembre). Evoquant un «mauvais procès», refusant les «caricatures», Roselyne Bachelot, soucieuse de «dire la vérité», répond point par point aux critiques qui se multiplient sur le dispositif. Injustes, les franchises ? Non, répond la ministre, puisque «ellesne priveront pas de soins les plus vulnérables» (démunis, enfants, femmes enceintes). Le principe constitue-t-il une entorse au «pacte de solidarité de 1945» ? Non plus, dans la mesure où il s'agit de «contribuer à l'effort de financement de nouveaux besoins» – Roselyne Bachelot omet à ce sujet de préciser que les franchises ne sont pas de l'argent qui rentre dans les caisses de l'assurance-maladie mais plutôt de l'argent qui n'en sort pas. Les franchises seront-elles «une charge pour les familles» ? La ministre, sans répondre de façon tranchée, tend une perche : «Sans vouloir ignorer la difficulté pour certains de débourser une somme approchant 4euros par mois, la question, dit-elle, mérite réflexion.» En outre, Roselyne Bachelot insiste : «La contribution (que représentent les franchises) n'implique en rien un désengagement massif de l'assurance-maladie.» Paradoxalement, la ministre minimise la portée d'une mesure qualifiée de «modeste au regard des besoins de financement».
Pour le Ciss, « les malades sont taxés ».
L'avenue de Ségur monte au front alors que la fronde antifranchises prend de l'ampleur (« le Quotidien » d'hier) et que des manifestations sont prévues demain dans toute la France. Ces derniers jours, le Collectif interassociatif sur la santé (Ciss, qui fédère 25 associations de patients et d'usagers) est notamment sorti du bois pour trouver «incohérent et irrecevable» de mettre en place les franchises médicales et de «fermer la porte à de nouvelles recettes» pour la Sécurité sociale. Le Ciss estime que l'organisation du système de soins «recèle des économies potentielles» si l'on demandait plus d'efforts aux médecins libéraux, aux médecins hospitaliers, aux industries pharmaceutiques et à l'Etat lui-même. «Si les efforts sont équitablement répartis, les usagers pourront accepter d'en prendre leur juste part... mais pas sous la forme de franchises qui taxent d'abord les malades», explique le collectif.
De son côté, le Syndicat national des médecins homéopathes français (Snmhf) «dénonce la position intransigeante de la ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports qui refuse de moduler la franchise de 0,50euro sur les médicaments en fonction de leur prix». Une telle franchise aboutit «à un quasi- déremboursement des médicaments homéopathiques» pour les «10millions de patients» qui les utilisent, compte tenu du prix modique et de la faible prise en charge (35 %) des tubes homéopathiques par la Sécu. Le Snmhf s'apprête à «mobiliser (les patients) contre cette mesure discriminatoire» susceptible de «porter atteinte au libre choix thérapeutique des assurés et de remettre en cause une pratique médicale reconnue».
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