«Le rapport d'André Flajolet sur les inégalités d'accès aux soins traite de thèmes qui me sont chers, comme la prévention et les disparités territoriales d'accès aux soins. » Parole de Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, après avoir reçu officiellement des mains du député UMP du Pas-de-Calais le rapport sur lequel il travaille depuis six mois.
Une culture de santé.
Pour la ministre de la Santé, en effet, «les plans successifs de santé publique ont peiné à se décliner équitablement sur le territoire».
«Les populations précaires sont difficiles à toucher, et ce n'est pas à cause d'un problème financier», a-t-elle précisé. Et Roselyne Bachelot d'enfoncer le clou : «Les politiques successives ont plus souvent été axées sur le traitement des maladies que sur leur prévention, et les stratégies de prévention mises en place sont souvent peu lisibles.»
Quant aux préconisations du rapport, la ministre de la Santé en énumère plusieurs, qu'elle pourrait intégrer à sa prochaine loi Santé, patients et territoires. «La future loi Bachelot», lance-t-elle en souriant. Avec tout d'abord la proposition d'André Flajolet «d'introduire une culture de la santé aux âges clés de la vie». Roselyne Bachelot retient également l'idée d'intégrer la prévention aux prérogatives des futures ARS (agences régionales de santé), ainsi que la mise en place d'un guichet unique consacré à la prévention dans ces mêmes ARS, «afin de coordonner l'ensemble des politiques de prévention».
De la même manière, Roselyne Bachelot reprend à son compte la proposition d'André Flajolet de «sanctuariser dans les ARS les budgets consacrés à la prévention». Pour Roselyne Bachelot, au nom du principe de la «fongibilité asymétrique des enveloppes budgétaires», il serait ainsi possible de faire basculer vers la prévention des crédits initialement prévus pour les soins, mais jamais l'inverse.
Enfin, sur la proposition d'André Flajolet de mettre en place dans les zones sous-médicalisées des communautés de santé, sortes de maisons médicales pluridisciplinaires intégrant la prévention, le paramédical, la HAD et les soins palliatifs, Roselyne Bachelot s'est contentée d'indiquer qu'il s'agissait d'une «affaire à suivre». Mais la ministre n'en estime pas moins que les territoires de ces futures communautés de santé seraient à croiser, «sans les juxtaposer», avec les futures communautés hospitalières de territoires prévues par la future loi de réforme hospitalière.
En revanche, la ministre de la Santé a semblé plus réservée sur la recommandation du député du Nord de créer une consultation spécifique de prévention rémunérée comme telle : «C'est très difficile à rémunérer, la prévention», a-t-elle juste indiqué. Plus généralement, Roselyne Bachelot a estimé que, dans le rapport Flajolet, «il y a une notion fondamentale qui est celle de la territorialisation de la santé. Avant, on menait des politiques globales, aujourd'hui, on voit bien qu'elles ont besoin d'êtres affinées». La ministre de la Santé a pris l'exemple des GRSP (groupes régionaux de santé publique) et des SROS (schémas régionaux d'organisation des soins) : «Il y a trop souvent juxtaposition de dispositifs, tout se déploie en ordre dispersé, avec parfois des doublons. Il faut mettre en place les ARS, il n'y aura pas de politique de santé sans politique territoriale.»
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