Les deux juges d'instruction en charge du dossier de l'explosion de l'usine toulousaine AZF ont pointé du doigt, lors de la communication des premières conclusions de l'enquête aux parties civiles, une accumulation de négligences en matière de sécurité.
« La démonstration a été sidérante, a indiqué Frédéric Arrou, porte-parole de l'Association des sinistrés du 21 septembre. On a vu une démonstration patente de l'incurie dont font preuve les industriels, on a vu comment on pouvait faire fi de toute procédure, de tout respect, de toute attention. »« Le hangar était un véritable dépotoir où l'on a accumulé les déchets depuis des années, a ajouté Frédéric Arrou. On a des témoignages de l'incroyable médiocrité de l'entretien de ce hangar avec des couches surajoutées au fil de dizaines et de dizaines d'années, avec une dalle en béton complètement pourrie. »
La semaine dernière, 90 des 140 parties civiles ont été reçues à huis clos par les juges Joachim Fernandez et Didier Suc, assistés par plusieurs experts. Selon les parties civiles, un mécanisme d'explosion accidentelle, reconstitué à petite échelle, leur a été présenté dans une vidéo d'une douzaine de minutes et sera ultérieurement reproduit à grande échelle. Me Gilbert Collard, qui représente huit familles d'employés décédés dans l'explosion, a affirmé « qu'il avait été démontré que le personnel sous-traitant n'était pas à la hauteur des exigences de ce type d'usine ».
Ces premières conclusions « me paraissent trop rapides », a déclaré Patrick Timbart, délégué de TotalFinaElf à Toulouse. « Nous ne rejetons pas cette hypothèse (selon laquelle la mise en contact de produits chlorés avec des ammonitrates déclassés a provoqué l'explosion), mais je n'ai pas l'impression qu'aujourd'hui l'enquête judiciaire ait apporté la preuve irréfutable que les conditions très particulières d'un tel mélange aient été réunies. » Mais pour Frédéric Arrou, « les enquêteurs n'ont rien omis, et ils ont cherché dans toutes les directions. Il n'y a pas eu d'avion, de roquette ou je ne sais quoi, il n'y a pas eu d'arc électrique en provenance de la SNPE (entreprise d'explosifs jouxtant AZF), c'est parfaitement démontré ». « J'attends des mises en examen, ajoute-t-il, notamment de Thierry Desmarets (P-DG de TotalFinaElf) mais aussi tous les responsables et pas seulement des lampistes. » Les premières mises en examen pourraient intervenir très rapidement dans le cadre de l'information judiciaire pour homicides et blessures involontaires ouverte le 28 septembre. De son côté, le procureur de la République, Michel Bréard, a annoncé qu'un réquisitoire supplétif pour « des infractions au droit du travail » avait été récemment délivré aux juges sur la base d'un rapport de l'inspection du travail sur l'usine AZF.
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