20 ans, à peu près une génération complète, permet, dans l’analyse de l’histoire du temps présent, de distinguer les grands mouvements, les césures dans l’action des hommes. Certes, il est difficile aux journalistes de ne pas tronquer des épisodes importants. De ne pas les truquer non plus, nous alarme ici, Claude Lanzmann (p. 52…). Le recul permet de distinguer ce qui compte et ce qui n’a été que fumée dans l’agitation des hommes. Même si le risque existe, nous dit encore le grand cinéaste et écrivain, de ne plus savoir que « traquer les erreurs de l’administration ». Et de penser bien sûr, avec naïveté, qu’il y a 20 ans, le monde était plus beau !
En synthèse, sur ces vingt années de la vie de nos journaux, on décèle, dans la Santé, plus de continuité que de ruptures.
Toutes ces années ont connu, sauf exception, des déficits croissants des comptes sociaux pour atteindre 15 milliards d’euros en fin de période. Les crises économiques, de financement de la protection sociale ont pesé sur les progrès médicaux et technologiques sans les empêcher, comme on le lit dans le cahier Décision Santé - Le Pharmacien Hôpital, qui fait la chronologie des principales avancées médicales et pharmaceutiques. Parce que, sans doute, la seule opportunité des démocraties occidentales est de toujours innover et progresser dans les savoirs.
Pour autant, la crise est encore devant nous et elle est des plus sévères.
Une même vision de la modernisation de l’État sanitaire et des politiques de santé publique a été partagée par les grands commis de l’État qui se sont succédé et qui y exercent, à tour de rôle, une grande influence et y occupent les postes en vue dans l’administration et l’université. Ainsi, les agences sanitaires auront été pensées et créées en une quinzaine d’années. Les ARS ont germé dans les esprits dès le début des années quatre-vingt-dix …
On peut ainsi tracer le tableau des opportunités saisies et de celles que l’on a ratées, des risques évités et ceux encore encourus. Tout aurait-il bougé pour que rien ne change ou a-t-on, bon an mal an, amélioré la prise en charge des maladies et des patients ?
En vert, les résultats épidémiologiques continuent à nous placer en tête des pays du monde. La satisfaction des Français stagne, mais reste élevée.
Mais, en rouge, on doit aussi évoquer l’échec de la bonne gestion de la démographie médicale qui ne sera pas corrigée... avant vingt ans. Et les ratés des politiques de gestion de crises sanitaires que nous avons découverts en 2009 avec l’épidémie de grippe.
En orange, dans notre pays suradministré, une grande minutie dans la définition des objectifs coexiste décidément toujours, avec une certaine pagaille dans leur mise en œuvre.
Mais rassurons-nous, les idées économiques très libérales pour la santé ont finalement eu peu de succès. Elles n’ont pu briser, dans les années quatre-vingt-dix, la domination de la Sécurité sociale et ne sont pas parvenues à « ringardiser » l’hôpital public. Et la crise économique oblige les dirigeants à maintenir l’assistanat et le social.
Mais l’État volontariste et pas impuissant tente avec justesse de pousser les acteurs publics et privés vers plus de recherche et d’innovation avec son Grand Emprunt.
Sans discontinuité, il a géré les structures et formaté les esprits par souci de consensus. Ou par paresse et manque d’esprit d’entreprise ?
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