EN FRANCE, l'épidémie de grippe de la saison 2006-2007 a été de faible intensité.
Au cours de cette épidémie, les enfants ont été particulièrement touchés : 44 % des cas de grippe ont été observés chez les moins de 15 ans, 50 % chez les adultes actifs et 6 % chez les adultes de 60 ans et plus.
Contrairement aux idées reçues, les personnes âgées ne sont pas les seules vulnérables face à la grippe. Chez les jeunes enfants et les nourrissons, les complications sont fréquentes et peuvent être graves et nécessiter une hospitalisation : plus de 1 % des enfants sont hospitalisés, ce qui représente en France près de 35 000 hospitalisations par an et chaque année environ 80 enfants de moins de 14 ans succombent à la grippe, le décès étant lié le plus souvent aux complications.
L'impact de la grippe chez l'enfant est largement sous-estimé, souligne le Dr Hervé Haas (Nice). Une étude américaine portant sur des enfants de moins de 5 ans montre que l'infection par le virus grippal n'est diagnostiquée que dans une minorité de cas. Lorsque l'infection grippale a été confirmée par des examens de laboratoire, le diagnostic de grippe n'a été établi auparavant que chez seulement 28 % des enfants hospitalisés et chez 17 % des enfants vus en consultation.
Un diagnostic difficile chez les jeunes enfants.
Chez les jeunes enfants, le diagnostic de grippe est difficile à établir car les signes cliniques varient en fonction de l'âge : avant 1 an, l'infection grippale n'entraîne aucun ou peu de symptômes ; de 1 à 4 ans, les symptômes peuvent être trompeurs (somnolence dans plus de la moitié des cas, diarrhées, douleurs abdominales, nausées…) ; de 4 à 14 ans, les symptômes sont identiques à ceux de l'adulte (fièvre brutale > 39,5 °C, céphalées, écoulement nasal, toux…).
En outre, pour le praticien, il n'est pas toujours facile de distinguer la grippe des autres infections virales respiratoires qui affectent l'enfant pendant la période hivernale, d'où l'intérêt des tests de diagnostic rapide de la grippe qui, à partir d'un prélèvement nasal, permettent de confirmer ou d'exclure le diagnostic dans les dix minutes.
Ce test repose sur une technique d'immunochromatographie sur membrane qui détecte la présence d'antigènes viraux à l'aide d'anticorps spécifiques antigrippaux absorbés sur membrane (bandelette). Lorsque le virus est présent, il y a formation d'un complexe antigène-anticorps et apparition d'une bande colorée sur la bandelette. Cette technique est sensible (74-95 %), spécifique (76-98 %) ; elle a une valeur prédictive négative élevée (97 % en fonction de la prévalence) et une valeur prédictive positive de 88 %, précise le Dr Hervé Haas (trois tests sont actuellement commercialisés ; le coût est de 10 euros environ ).
Les bénéfices des antiviraux spécifiques.
En cas de grippe, les antiviraux spécifiques, indiqués à partir de l'âge de 1 an, apportent de réels bénéfices : réduction de la durée de la maladie (– 1,5 jour vs placebo) et de l'intensité des symptômes, diminution du risque d'infection bactérienne secondaire ( vs placebo), notamment de l'otite moyenne aiguë (– 40 %) et de la pneumonie (– 53 %), et diminution du portage nasal, ce qui retentit sur la propagation du virus dans l'environnement (2). Tamiflu (oseltamivir), inhibiteur de la neuraminidase, est un antiviral spécifique de la grippe indiqué chez l'adulte et l'enfant dès l'âge de 1 an en traitement curatif, mais aussi prophylactique.
En traitement curatif, Tamiflu doit être administré, en période de circulation du virus, dans les 48 heures suivant l'apparition des symptômes après avoir éliminé une maladie bactérienne (en particulier chez le nourrisson et le jeune enfant) et pendant cinq jours (posologie adaptée au poids corporel).
En prévention postexposition, Tamiflu doit être administré dans les 48 premières heures suivant le contact avec un sujet infecté par le virus de la grippe et pendant dix jours.
Tamiflu était jusqu'à présent disponible sous forme de gélules contenant 75 mg d'oseltamavir ou de poudre pour suspension buvable.
Les gélules moins dosées (30 mg et 45 mg) présentent une alternative pratique à la forme buvable pour le traitement et la prévention des grippes de type A et B chez des enfants à partir de 1 an.
Toutefois, en aucun cas, les antiviraux ne constituent une alternative à la vaccination qui, chez l'enfant comme chez l'adulte, reste le meilleur moyen de prévenir la grippe.
Conférence de presse organisée par le Laboratoire Roche, avec la participation du Pr Claude Hannoun (professeur honoraire à l'Institut Pasteur), du Dr Jean-Marie Cohen, médecin épidémiologiste, Open Rome, coordinateur national des Grog.
(1) « La grippe chez l'enfant » : C. Olivier. « Virologie », vol. 6, numéro spécial, novembre 2002.
(2) RCP oseltamivir. I acuzo DA. Abst V-1967 ICAAC 2006. Whitley et al. « Pediatr Infect Dis » 2001.
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