Il y a quelques années, au cours d’un voyage humanitaire pour le compte de l’association Enfants du Monde, nous nous retrouvâmes dans un village à la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie chez les Karens. Nous étions missionnés pour rencontrer, dans une petite communauté perchée au cœur des montagnes d’Asie du sud-est, des enfants parrainés par des familles françaises.
Accueillis à Bangkok (Thaïlande) par les pères des missions étrangères de Paris (MEP), nous fûmes accompagnés par l’un d’entre eux dans le nord-est du pays.
Rejoindre les villages Karens fut une expédition. Après huit heures de marche le long d’un torrent, nous longeâmes la frontière entre ces d’eux pays, ici nullement matérialisée dans cette forêt dense et sauvage. Fatigués mais émerveillés, nous découvrîmes alors un village lové dans un petit vallon, entouré de ses rizières.
La guérison de la doyenne
Cette ethnie, les Karens, présente une organisation sociale dite « matriarcale » ; or, à notre arrivée, la doyenne du village souffrait d’une gastroentérite violente qui risquait de l’emporter faute de réhydratation par voie veineuse, inaccessible au fin fond de la forêt thaïlandaise.
Dans nos bagages transportés à dos d’éléphants, se trouvait une modeste pharmacie et notamment quelques flacons de « glucosé isotonique » et les cathéters nécessaires à leur administration. Nous perfusâmes notre veille dame et le lendemain, elle avait retrouvé force et vigueur…
La nouvelle se répandit comme une trainée de poudre à travers la forêt dans les villages avoisinants. Durant notre séjour de 5 jours, nous consultâmes des dizaines de malades qui arrivaient parfois à dos d’éléphant.
Certains présentaient des pathologies infectieuses banales, d’autres des lésions tumorales au delà de toutes ressources thérapeutiques spécifiques dans cette contrée reculée. Nous découvrions aussi des maladies inconnues en France, notamment une gangrène terriblement délabrante secondaire au contact avec une jolie petite chenille jaune et noir qui par ses poils inoculait probablement un clostridium au pouvoir terriblement toxique.
Tétracyclines pour l'éléphant
Notre dernier acte thérapeutique dans le village fut pour l’un des éléphants qui présentait une plaie de la tête surinfectée, secondaire à un coup de machette indélicat de son cornac, à qui nous administrâmes des tétracyclines sans être bien certains d’avoir choisi la bonne posologie ! En plus des traitements antiseptiques locaux.
Ainsi s’acheva notre aventure chez les Karens, nous avions été fraternellement accueillis par des femmes, des hommes, des enfants vivants dans un monde inimaginable pour deux jeunes médecins français formatés à l’univers aseptique des hôpitaux de leur pays. Nous avions été frappés par la joie de vivre, l’enthousiasme et les valeurs humanistes de ce peuple ; ainsi, à notre retour, recommandions-nous aux familles françaises de poursuivre sans hésiter leur soutien à ces enfants du bout du monde.
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