Le laboratoire Gilead mettra bientôt sur le marché Genvoya, son nouveau traitement de l’infection par le VIH à base d’elvitegravir, de cobicistat, d’emtricitabine et de tenofovir alafenamide (TAF). Il s’agit de la relève des médicaments contenant du ténofovir disoproxil fumarate (TDF) comme Truvada, Virea, Atripla, Elviplera et le Stribild.
Comparé au TDF, le TAF a l’avantage d’être moins toxique pour le rein et la moelle osseuse comme cela a été montré lors du 15e congrès de la société européenne de recherche clinique sur le sida (EACS). Des résultats présentés en poster indiquent en effet que des patients infectés par le VIH sous atazanavir qui changeaient de traitement pour passer au TAF présentaient une meilleure réponse virologique soutenue et une amélioration des biomarqueurs osseux et de l’insuffisance rénale.
Pas d’impact sur le DMO et la fonction rénale
Plus de 1 400 patients ont été recrutés dans l’étude, mais seuls les résultats d’une sous analyse sur 600 participants ont été présentés. La moitié d’entre eux est restée sous atazanavir et l’autre moitié est passée sous TAF. Au bout de 48 semaines de suivi, 92 % des patients qui n’ont pas changé de traitement et 97 % de ceux qui ont changé ont atteint une virémie inférieure à 50 copies/ml. Les auteurs ont relevé que moins de 1 % des patients sous TAF avaient un taux urinaire élevé de bilirubine, contre 55 % des patients restés sous atazanavir. De même, la densité minérale osseuse au niveau de la colonne vertébrale avait diminué de 0,54 % dans le groupe atazanavir alors qu’elle avait augmenté de 2,18 % dans le groupe TAF. Au niveau de la hanche, la densité minérale osseuse n’avait pas significativement évolué dans le groupe sous atazanavir alors qu’elle avait augmenté de 11,74 % dans le groupe TAF.
80 % de comorbidité en 2030
La communauté des spécialistes du VIH est très demandeuse de traitements moins agressifs. Lors d’un symposium organisé lors de ce même congrès, il a été rappelé qu’en 2030, on estime que plus de 80 % des patients avec le VIH auront des comorbidités. « Les comorbidités les plus prévalentes sont les problèmes de santé mentale, les cancers, les pathologies du foie, l’insuffisance rénale, maladies CV, problèmes osseux explique le Pr Jürgen Rockstroh de l’université de Bonn, ces problèmes sont liés à l’inflammation chronique, à l’activation permanente du système immunitaire. » Les maladies rénales sont présentes chez plus de 15 % des malades de plus de 60 ans contre moins de 1 % dans la population générale, tandis qu’un cancer est diagnostiqué chez 12 % des patients infectés par le VIH contre 6 % de la population générale. Pour le Pr Roskstroh, le risque de comorbidité est majoré par le fait que les patients infectés par le VIH ont plus une autre tendance plus marquée à la dépression (26 % des patients), à boire et à fumer.
Les infectiologues, généralistes des patients infectés
Selon le Pr Antonio Antela, du CHU de Santiago de Compostela, « on demande de plus en plus aux infectiologues de jouer le rôle de médecin généraliste des malades, mais nous n’avons ni le temps ni les outils pour aider nous patients à arrêter de fumer ».
Pour le Pr Roskstroh, « les maladies sexuellement transmissibles, et le cancer du rein ont des pathologies qui doivent être surveillées. Les pathologies du vieillissement comme l’ostéoporose surviennent 10 ans plus tôt chez ces patients que dans la population générale. Personnellement, je demande une colonoscopie avant 55 ans. Je pense qu’il faut faire de même avec la densité minérale osseuse ou la déficience en vitamine D ».
Genvoya a reçu une autorisation européenne de mise sur le marché le 24 novembre dernier.
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