Premier tour : Chirac et Jospin
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Si le premier tour de lélection présidentielle avait lieu dimanche prochain et si vous aviez le choix entre les candidats suivants, quel serait celui pour lequel il y aurait le plus de chance que vous votiez : | ||
Ensemble des médecins libéraux en %
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![]() |
Arlette Laguiller |
3
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Robert Hue |
2
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Jean-Pierre Chevènement |
15
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Lionel Jospin |
18
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Noël Mamère |
9
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François Bayrou |
7
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Alain Madelin |
15
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Jacques Chirac |
25
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Charles Pasqua |
3
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Jean-Marie Le Pen |
2
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Bruno Mégret |
1
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Total |
100
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27 % des médecins interrogés nont pas exprimé dintention de vote. |
La confiance indéfectible jusque-là témoignée par le corps médical au candidat Chirac se serait-elle émoussée ?
Certes, selon le sondage IPSOS-« le Quotidien du Médecin » dont nous publions les résultats, l'actuel président de la République devance Lionel Jospin dans les intentions de vote des médecins libéraux au premier tour de l'élection présidentielle et il l'emporterait sans difficulté au second tour. Mais la comparaison avec les intentions de vote exprimées par les médecins juste avant l'élection de 1995 montre un certain effritement de cette confiance auquel le plan Juppé n'est sans doute pas étranger.
Si le premier tour de l'élection présidentielle avait eu lieu le 28 octobre, Jacques Chirac serait arrivé en tête des intentions de vote des médecins libéraux avec 25 % des voix, devançant Lionel Jospin (18 %), immédiatement suivi de Jean-Pierre Chevènement et Alain Madelin au coude à coude avec 15 % des voix.
Au second tour, si le choix avait dû être fait entre les deux premiers candidats, le président de la République aurait recueilli 64 % des intentions de vote exprimées, contre 36 % à son rival.
Un score sans appel qui confirme l'inclination de l'électorat médical en faveur du candidat gaulliste mais qui est en net retrait par rapport à 1995.
Chirac sans problème au second tour |
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Si le second tour de lélection présidentielle avait lieu dimanche prochain et si vous aviez le choix entre les candidats suivants, quel serait celui pour lequel il y aurait le plus de chance que vous votiez : | ||
Ensemble des médecins libéraux en %
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Lionel Jospin |
36
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Jacques Chirac |
64
|
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Total
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100
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38% des médecins intérrogés n'ont pas exprimé d'intention de vote. |
Un mois avant l'élection présidentielle, Jacques Chirac recueillait alors 39 % des intentions de vote de l'ensemble du corps médical, loin devant Edouard Balladur et Lionel Jospin qui, avec 19 %, faisaient jeu égal. Bien que la candidature d'Edouard Balladur eût à l'époque jeté le trouble dans le corps médical traditionnellement ancré à droite, Jacques Chirac restait toujours, 15 jours avant les échéances électorales, en position de leader avec 33 % des intentions de vote.
Chirac en position moins dominante qu'en 1995
Même si les échéances électorales restent encore éloignées et bien que la campagne n'ait pas encore commencé - ni le président de la République ni le Premier ministre n'ont fait officiellement acte de candidature - on ne retrouve pas cette position dominante observée avant le précédent scrutin.
Jacques Chirac paie sans doute là les promesses aventureuses qu'il avait faites alors dans le domaine de la protection sociale et n'avait pas réussi ensuite à tenir. « Il ne peut y avoir de limite à la dépense de santé », avait-il déclaré durant la campagne présidentielle alors que le gouvernement Juppé annonçait quelques mois plus tard un plan de réforme de la Sécurité sociale prévoyant de sanctionner collectivement les médecins lorsque les objectifs de dépenses, fixés par le Parlement chaque année, seraient dépassés. Déjà, lors des élections législatives de 1997, la majorité de l'époque avait mesuré tout le poids d'une telle décision, ressenti comme une « trahison » par les médecins. Juste avant le scrutin, le RPR et l'UDF recueillaient dans un sondage 23,8 % des intentions de vote des médecins contre 56,6 % en mai 1993.
Le bon score de Noël Mamère
Depuis, le RPR s'est employé à se réconcilier avec le corps médical et a reconnu ses erreurs passées, à commencer par Alain Juppé lui-même, qui s'est récemment livré à un mea culpa public. Quant au chef de l'Etat, qui sait pertinemment qu'il ne peut se priver d'un tel réservoir de voix, il n'a jamais cessé d'entretenir des relations suivies avec les médecins, en recevant leurs représentants à plusieurs reprises à l'Élysée.
Malgré ces efforts, une certaine défiance semble pour l'instant persister qui, cependant, ne profite pas à Lionel Jospin. Le Premier ministre réalise dans ce sondage à peu près les mêmes scores qu'en 1995. Il séduit traditionnellement davantage les médecins généralistes que les spécialistes, les femmes que les hommes, et les médecins installés en Ile-de-France plutôt qu'en province.
La surprise vient donc plutôt des scores réalisés par Jean-Pierre Chevènement et Alain Madelin, qui se disputent chez les médecins libéraux la place du « troisième homme » avec 15 % des intentions de vote. Comme on l'a déjà observé dans les sondages réalisés sur l'ensemble de la population, l'ancien ministre de l'Intérieur, démissionnaire d'un gouvernement pour la troisième fois, réalise une belle percée et semble séduire nombre d'électeurs qui votent habituellement pour la droite traditionnelle. Quant à Alain Madelin, il bénéficie sans nul doute de la constance de ses positions ultralibérales dans le domaine de la santé et qui, dans cette période de fortes incertitudes sur l'avenir de l'assurance-maladie, trouvent un écho important chez les médecins. D'autant que ce sondage a été réalisé auprès d'un échantillon de médecins libéraux et ne prend pas en compte la totalité du corps médical, notamment des médecins hospitaliers ou salariés.
Plus surprenant encore est le résultat obtenu par le très médiatique candidat écologiste, Noël Mamère, qui, avec 9 % des intentions de vote des médecins libéraux, fait plus que doubler les intentions de vote exprimées par le corps médical en faveur de Dominique Voynet en 1995. Il séduit principalement les femmes (20,2 %) et les médecins âgés de moins de 45 ans. Toutefois, au second tour, Lionel Jospin ne bénéficierait que très partiellement du report des intentions de vote des médecins en faveur des autres candidats de la gauche plurielle.
Une politique de santé très critiquée, des réformes approuvées
Cette relative dispersion des intentions de vote au premier tour témoigne sans doute à la fois d'une certaine réserve vis à vis des deux têtes de l'exécutif actuellement au pouvoir et une grande incertitude des futurs électeurs à six mois des échéances électorales. 27 % des médecins interrogés n'ont pas exprimé d'intentions de vote au premier tour. Un chiffre qui s'élève à 38 % au second tour.
Jacques Chirac et Lionel Jospin semblent devoir tous deux, chacun pour sa part, assumer le bilan de la législature face aux électeurs.
Interrogés sur la politique de santé et de Sécurité sociale du gouvernement, les médecins ont d'ailleurs une position pour le moins paradoxale. S'ils sont plus de la moitié (52 %) à la trouver « plutôt plus mauvaise que celle appliquée par les gouvernements précédents », un quart d'entre eux (26 %) la juge ni meilleure ni plus mauvaise et 19 % l'estiment plutôt meilleure.
Ils expriment par ailleurs une opinion plutôt positive sur les réformes engagées par le gouvernement dans le secteur sanitaire et social à l'exception notable des 35 heures. La mise en place d'une allocation personnalisée d'autonomie (APA) pour les personnes dépendantes est la mesure à laquelle ils se disent le plus favorables (92 %) suivie de la création d'un système d'indemnisation des aléas médicaux (74 %) et de la création de la couverture maladie universelle (CMU) qu'ils approuvent à 68 %. Ils semblent, en revanche, plus partagés sur la possibilité donnée aux patients d'avoir un accès direct à leur dossier médical. Si une forte majorité est favorable à cette mesure (59 %), ils sont tout de même 40 % à être de l'avis contraire.
Quant à la réduction du temps de travail à 35 heures, elle soulève la désapprobation des médecins libéraux (67 %) dans la mesure où non seulement ils ne profitent pas de cette disposition mais pour le financement de laquelle la Sécurité sociale a été fortement mise à contribution.
De manière générale, les médecins ont, selon ce sondage, une faible confiance dans l'avenir. 71 % s'estiment globalement inquiets. Une inquiétude qui se fait davantage sentir chez les spécialistes que chez les généralistes. Aux premiers rangs des périls qui les préoccupent le plus, ils placent naturellement le danger terroriste (26 %) suivi de l'accroissement du fossé Nord-Sud (22 %) d'une guerre mondiale et de la dégradation de l'environnement, bien avant une crise économique majeure ou l'apparition de nouvelles maladies.
(1) Ce sondage a été effectué par IPSOS pour « le Quotidien du Médecin », du 24 au 26 octobre 2001 auprès d'un échantillon de 361 médecins libéraux exerçant en France : 206 médecins généralistes et 155 médecins spécialistes.
Les résultats d'ensemble ont été obtenus par pondération, en tenant compte de la taille spécifique des deux populations (généralistes et spécialistes).
Enquête réalisée par téléphone, selon la méthode des quotas : sexe, âge et région.
...mais ses réformes souvent appréciées |
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Pour chacune des mesures suivantes, adoptées ou envisagées par le gouvernement, dans le domaine sanitaire et social, y êtes-vous tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt défavorable ou tout à fait défavorable : | |||||
Ensemble des médecins libéraux en % |
La création
de la couverture maladie universelle |
La mise en place d'une allocation
personnalisée (APA) pour les personnes dépendantes |
La possibilité
pour le patient d'avoir un accès directe à son dossier médical |
Les 35
heures |
La création
d'un système d'indemnisation des aléas médicaux |
Tout à fait favorable |
21
|
35
|
18
|
7
|
20
|
Plutôt favorable |
47
|
57
|
41
|
23
|
54
|
Sous-total bonne opinion |
68
|
92
|
59
|
30
|
74
|
Plutôt défavorable |
20
|
4
|
30
|
30
|
15
|
Tout à fait défavorable |
10
|
2
|
10
|
37
|
6
|
Sous-total mauvaise opinion |
30
|
6
|
40
|
67
|
21
|
Ne se prononce pas |
2
|
2
|
1
|
3
|
5
|
Total |
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
Santé et protection sociale : le gouvernement très critiqué... |
|
En matière de politique de santé et de protection sociale, estimez-vous que le gouvernement actuel a mené une politique globalement : | |
Ensemble des médecins libéraux en %
|
|
Plutôt meilleure que celle des gouvernements précédents |
19
|
Plutôt plus mauvaise que celle des gouvernements précédents |
52
|
Ni meilleure ni plus mauvaise |
26
|
Ne se prononce pas |
3
|
Total |
100
|
Près de trois médecins sur quatre sinquiètent de lavenir |
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En ce qui concerne lavenir, vous estimez-vous globalement : | |
Ensemble des médecins libéraux en %
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Très inquiet |
10
|
Plutôt inquiet |
61
|
Sous total très/plutôt inquiet |
71
|
Plutôt pas inquiet |
21
|
Pas du tout inquiet |
7
|
Sous-total plutôt pas/pas du tout inquiet |
28
|
Ne se prononce pas |
1
|
Total |
100
|
Terrorisme : le péril le plus grand pour plus dun quart des médecins |
|
Parmi les périls suivants, quel est celui qui vous inquiète le plus : | |
Ensemble des médecins libéraux en %
|
|
Le danger terroriste |
26
|
Le fossé Nord-Sud |
22
|
Une guerre mondiale |
17
|
La dégradation de lenvironnement |
16
|
Une crise économique majeure |
13
|
Lapparition de nouvelles maladies |
3
|
Aucun dentre eux |
3
|
Ne se prononce pas |
-
|
Total |
100
|
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