La dépression post-AVC est un phénomène connu, de même que la fréquence de l'idée de suicide et des passages à l'acte dans cette situation. En 1998, une étude danoise, déjà, mais menée dans une seule région du pays, avait rapporté le chiffre de 140 suicides en dix-sept ans, parmi 37 000 victimes d'AVC (E. N. Stenager et coll., « BMJ », 1998). Le chiffre paraissant extrêmement élevé, une suite a été donnée à cette étude. Les derniers résultats tempèrent un peu la première analyse. Ainsi, sur 114 098 patients sortis de l'hôpital après AVC entre 1979 et 1993, 359 cas de suicide ont été identifiés. Le taux national est donc moindre que le taux local rapporté il y a trois ans. Il n'en reste pas moins deux fois supérieur au taux de suicide moyen dans la population danoise.
Un taux deux fois supérieur à celui de la population générale
Un certain nombre de facteurs ont été examinés, mais écartés comme facteur de risque. Ainsi, le suicide est plus fréquent chez les hommes, mais l'écart entre sexes ne dépasse pas l'écart que l'on connaît dans la population générale. Le type d'AVC, en outre, ne semble pas intervenir. Un débat existe autour de la notion selon laquelle la dépression post-AVC serait plus marquée en cas d'accident survenu dans l'hémisphère gauche. L'absence de corrélation avec le diagnostic va naturellement à l'encontre de cette notion. Les auteurs notent toutefois que leurs données sont limitées sur ce point, faute de pouvoir retrouver un diagnostic précis dans 50 % des cas.
En revanche, le temps écoulé depuis l'accident intervient : c'est dans les cinq premières années que le risque est le plus important. L'accroissement du risque de suicide lié à l'AVC est également d'autant plus important que le patient est jeune. Cette notion se conçoit parfaitement ; elle avait d'ailleurs déjà été mise en avant lors de l'étude locale.
Une hospitalisation brève majore le risque
Enfin, la durée d'hospitalisation est un troisième facteur, le risque apparaissant inversement corrélé à des périodes de prise en charge allant de deux semaines à trois mois. Il y a évidemment un certain paradoxe à voir davantage de suicides chez les patients a priori le moins sévèrement atteints. Les auteurs attribuent ce phénomène exclusivement à la préservation de la capacité physique nécessaire à l'acte suicidaire. Il est vrai que les choses sont plus difficiles pour un grabataire. Il est néanmoins étonnant de faire ainsi l'impasse sur la meilleure stabilisation psychologique du patient que permet une hospitalisation plus longue. Et d'autant plus étonnant que l'article conclut, de manière au demeurant évidente, en faveur d'une attention plus soutenue aux manifestations dépressives qui peuvent se développer chez les personnes le plus à risque, après un AVC.
T. W. Teasdale, A. W. Engberg. « J Epidemiol Community Health », 2001 ; 55 : 863-866.
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