Bien qu'il soit très préliminaire, un travail mené par des chercheurs de Toulouse laisse entrevoir une voie thérapeutique des séquelles motrices d'une hémiplégie. L'unité INSERM 451 de François Chollet a pu obtenir une amélioration d'un geste simple chez des patients après injection d'une dose unique d'un inhibiteur spécifique de la recapture de la sérotonine (ISRS).
Les médecins ont réalisé deux essais cliniques en double aveugle contre placebo chez six sujets sains, les témoins, et chez huit patients hémiplégiques, en début de rétablissement (deux semaines après l'accident). Les essais ont été menés au cours d'un enregistrement d'IRM fonctionnelle (IRMf).
Tous les sujets recevaient l'injection. Quelques heures plus tard au cours de l'IRMf, il leur était demandé d'accomplir des tâches motrices simples, comme tapoter de façon rythmique avec les doigts. En cas d'injection de l'inhibiteur de la recapture de la sérotonine, il est apparu une amélioration significative du geste, notamment une augmentation de la fréquence et de la force de tapotement des doigts, chez les sujets hémiplégiques.
L'imagerie fonctionnelle en a fourni l'explication. Chez les sujets sains, l'antidépresseur procure une hyperactivation dose-dépendante des zones corticales controlatérales au geste. En cas d'hémiplégie, la molécule réactive ces zones motrices corticales controlatérales au geste. Des circuits neuronaux normalement inactifs prennent le relais des aires endommagées. L'ISRS modifierait l'excitabilité des circuits neuronaux impliqués dans le mouvement.
Augmenter la disponibilité cérébrale de sérotonine
Le choix des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine ne s'est pas fait par hasard, on s'en doute. Ces molécules sont connues, comme leur dénomination l'indique, pour augmenter la disponibilité cérébrale de sérotonine, qui active le cortex moteur, sans effets délétères sur l'organisme. Cette absence d'action adverse est importante. Elle donne l'avantage aux ISRS sur les amphétamines, qui certes potentialisent la libération des neurotransmetteurs, dont la noradrénaline, mais s'accompagnent aussi d'effets adverses (la dépendance notamment). L'équipe toulousaine a débuté de nouveaux essais sur l'utilisation chronique d'un ISRS, ainsi qu'avec de la Ritaline (apparentée aux amphétamines).
Un travail américain avait déjà montré une action positive des amphétamines avant des séances d'orthophonie, pour une aphasie à la suite d'un AVC (« le Quotidien » du 7 septembre 2001, n° 6962). Dans les 16 à 45 jours suivant l'accident, 21 patients avaient été enrôlés. Certains recevaient une demi-heure avant la séance d'orthophonie de la dextroamphétamine. Chez ces atteints la récupération du langage a été de meilleure.
L'idée d'un appoint thérapeutique dans la récupération n'est pas neuve. Elle remonte à la fin des années 1980. Des recherches fondamentales, chez l'animal, et cliniques chez l'homme avaient révélé l'existence d'importantes capacités de plasticité cérébrale, même chez l'adulte. Il est admis depuis lors que les circuits cérébraux sains sont susceptibles de se réorganiser et de prendre en charge la fonction des neurones endommagés.
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