Il se produit 140 000 AVC par an en France, soit un toutes les quatre minutes. Ces accidents vasculaires cérébraux surviennent en moyenne à 70 ans pour les hommes et à 76 ans pour les femmes. La moitié des AVC concerne des personnes de 65 à 84 ans, un quart, des sujets de plus de 85 ans.
Faire « FAST »
Le taux de médicalisation étant assez faible en Ehpad, le personnel éprouve souvent des difficultés à identifier un AVC chez des gens très âgés et atteints d’autres handicaps, a fortiori lorsque les signes ne sont pas évocateurs. Il faut être très vigilant pour repérer une modification de l’état du résident par rapport à son état antérieur. Partant de ce constat, et de celui que les patients âgés n’ont pas toujours accès à une prise en charge optimale, du fait du retard au diagnostic et donc à l’admission dans une filière spécialisée, l’HAS a élaboré en 2012 un programme pilote avec des outils permettant de former les personnels des Ehpad au dépistage des AVC chez les résidents.
Ce programme reprend l’outil FAST, avec les premières lettres identifiant les signes évocateurs de l’AVC. F pour Face : déformation et/ou engourdissement de la bouche, asymétrie du sourire ; A pour Arm : faiblesse et/ou engourdissement d’un membre, impossibilité de lever un ou les deux membres d’un côté, S pour Speech : troubles de l’élocution. Le T de Time rappelle la nécessité d’appeler le 15 en urgence et de noter l’heure des premiers symptômes.
D’autres manifestations sont plus difficiles à percevoir : changement brutal du comportement, perte d'équilibre, céphalées violentes, troubles visuels avec vision double ou limitation du champ visuel, des signes atypiques qui imposent aussi d’appeler le 15 qui décidera de la conduite à tenir.
La stratégie est la même si les signes régressent, car on sait que 30 % des AVC ont été précédés d’un AIT. Des fiches permettent sur place de noter les constantes biologiques et hémodynamiques, les signes neurologiques, l’état de conscience et leur évolution, ainsi que les antécédents, les traitements en cours, etc. « Quels que soient leur âge et leur statut clinique, tous les patients devraient être adressés dans une UNV, qui décidera de l’opportunité d’une intervention de revascularisation pour un AVC ischémique, le geste thérapeutique, thrombolyse ou thrombectomie, s’il est possible, constituant la seule chance de retrouver l’état antérieur. À condition d’être réalisé dans les 3 heures, 4 h 30 au maximum après le début des symptômes », insiste le Dr Trivalle (Pôle gériatrie, hôpital Paul-Brousse (AP-HP)).
La prise en charge dans une UNV constitue en elle-même une thérapeutique, et il a bien été montré que, même en l’absence d’intervention de revascularisation, elle réduit nettement la morbimortalité de l’AVC, un bénéfice qui persiste sur le long terme.
Booster la récupération
Une fois la phase aiguë passée, soit la récupération est bonne et les patients retournent en Ehpad, soit les séquelles sont plus lourdes et ils sont pris en charge dans des structures de soins de suite et de réadaptation, des structures dont le nombre est insuffisant en France. La population très âgée des Ehpad (84 ans, en moyenne, à l’entrée) n’est généralement pas soignée dans les centres de MPR (médecine physique et de réadaptation) qui ont des moyens humains et techniques supérieurs aux SSR. La rééducation doit être commencée très rapidement et les patients transférés dans un service de rééducation dès le septième jour. Mais quelle que soit sa qualité, ce travail n’est qu’une aide à la récupération spontanée et n’a aucun impact sur les tissus cérébraux nécrosés, ce qui ramène toujours à l’importance d’une prise en charge rapide et moderne
de l’AVC.
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