D ANS l'AVC, l'incidence de la dysphagie atteint 50 % ; elle compromet l'alimentation et l'hydratation et peut être source de complications (pneumonie d'inhalation, déshydratation).
Ces patients sont souvent alimentés par sonde naso-gastrique. Mais il est souvent difficile, voire impossible, de mettre en place cette sonde : la coopération des patients est souvent altérée par des troubles de la conscience, une aphasie, une incoordination linguale et une apraxie bucco-faciale. Si bien qu'on doit parfois recourir à la mise en place d'une sonde sous laryngoscopie avec pince de Magill, sous sédation.
C'est dans ce contexte que Rainer Dziewas et coll. proposent une méthode qu'ils estiment simple : introduire la sonde en provoquant un réflexe de déglutition.
L'induction d'un réflexe de déglutition
Voici de quoi il s'agit : un fin cathéter pédiatrique est introduit par une narine et poussé sur 11 à 13 cm dans l'oropharynx (contrôle visuel) ; ensuite, on introduit par l'autre narine la sonde naso-gastrique, environ dans la même position ; le réflexe de déglutition est alors induit en injectant dans le cathéter fin 0,5 ml d'eau distillée (ou, en cas d'échec, de1 à 2 ml) ; au moment de la déglutition, identifiée par le mouvement laryngé, la sonde naso-gastrique est doucement poussée plus loin.
La méthode a été testée chez neuf patients auxquels ni une infirmière expérimentée ni un médecin entraîné n'avaient réussi à mettre la sonde par la méthode classique : échecs lors d'au moins quatre tentatives, avec emploi de techniques dites facilitantes (rigidification de la sonde par refroidissement, inclinaison de la tête vers l'avant) ; chez ces patients, à chaque fois, on retrouvait la sonde soit dans la trachée, soit repliée dans la bouche.
Parmi ces neuf patients, six avaient une aphasie sévère et une apraxie bucco-faciale liées à un infarctus de l'artère cérébrale moyenne (MCA) gauche ; cinq (deux avec infarctus de la MCA gauche, deux avec un infarctus de la MCA droite, un avec un AVC du tronc cérébral) avaient des troubles de la conscience. Sept patients ont participé à l'étude deux fois et deux y ont participé trois fois ; ce qui porte à vingt le nombre d'essais.
Sur ces vingt essais, on a obtenu dix-neuf succès, soit à la première, soit à la deuxième tentative. Le seul échec a été enregistré chez un patient qui avait un infarctus de la MCA gauche et chez qui le réflexe de déglutition n'a pas pu être déclenché.
Bonne tolérance
Aucune complication sérieuse, comme une toux intense - qui risque d'accroître la pression intracrânienne - ou une détresse respiratoire, n'est survenue.
La procédure a été bien tolérée par tous les patients.
« Notre étude confirme que la mise en place d'une sonde naso-gastrique en induisant un réflexe de déglutition est une alternative utile si la méthode conventionnelle échoue. » Par rapport à la mise en place directe de la sonde (laryngoscopie, pince de Magill, sédation), « notre nouvelle méthode est beaucoup moins éprouvante pour le patient ».
« Toutefois, notre procédure peut ne pas marcher chez les patients qui ont un infarctus du tronc cérébral, parce qu'ils risquent d'avoir un réflexe de déglutition insuffisant », mettent en garde les auteurs.
« Lancet » du 1er septembre 2001, pp. 725-726 (lettre).
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