LA CONVENANCE en obstétrique, tel était l'un des thèmes abordés par le Cegorif (Cercle d'étude des gynécologues obstétriciens de la région d'Ile-de-France) lors de sa journée d'étude. De quoi s'agit-il au juste ? De la programmation d'un accouchement par césarienne ou par déclenchement (voie basse) pour répondre aux désirs de la parturiente. Pour aborder cette question, Thierry Harvey, du service de maternité des Diaconesses (Paris), a présenté les avantages et les inconvénients des déclenchements de convenance. Tandis qu'Henri Cohen, de l'institut mutualiste Montsouris (Paris), a analysé le pour et le contre des césariennes de convenance.
Un accouchement sur cinq.
En 1972, en France, le déclenchement en salle de travail représentait 8,5 %. En 1995, ce chiffre serait passé à 20 %. Pour les césariennes « programmées », les chiffres manquent mais le phénomène semble relativement marginal, selon les témoignages de la salle et des intervenants.
Pour les déclenchements de convenance (quand il n'y a pas d'indication médicale, environ 11,7 % des cas en 1995), les avantages résident dans une amélioration de la sécurité maternelle et foetale liée notamment à une direction et une surveillance précoces du travail. Les avantages psychologiques pour la mère sont de la soulager en fin de grossesse et de poursuivre sa relation avec son obstétricien. Enfin, ils présentent également des avantages organisationnels pour la famille (présence du père, garde des enfants). En outre, la parturiente a la garantie d'avoir un meilleur accès à l'analgésie péridurale.
A l'opposé, les inconvénients médicaux ne sont pas négligeables : contractions plus intenses et risque d'hypotension artérielle avec, à la clé, une césarienne dans l'urgence. Il faut souligner aussi, dans ce cas, l'hypermédicalisation de l'accouchement. L'accouchement programmé peut être une réponse médicale inadaptée à une demande de soutien avant tout psychologique de la parturiente. Enfin, pour le service, cela peut également entraîner des problèmes organisationnels dans la mesure où les déclenchements de convenance augmentent la durée de présence de la femme et de l'équipe médicale en salle.
Convenance ou indication médicale, la décision de déclencher un accouchement reste du domaine de la responsabilité médicale et doit répondre à des règles très précises (39 semaines, etc.).
Quant aux césariennes de convenance, leur intérêt serait de limiter les risques d'opération dans l'urgence. Mais les césariennes entraînent des risques pour les grossesses ultérieures (pas plus de deux enfants). Enfin, qu'elle soit de convenance ou non, la césarienne présente pour la femme l'intérêt d'une réduction des risques d'incontinence urinaire ou anale. Pour Henri Cohen, le choix de la césarienne programmée n'est finalement pas très éloigné d'un choix esthétique.
Cette notion de convenance en obstétrique n'est pas sans risque ni sans ambiguïté. Elle renvoie surtout, comme l'a souligné Thierry Harvey, à la convenance de l'enfant à naître. « Le premier respect de l'enfant à naître ne serait-il pas de le laisser venir en son temps et en son heure ? »
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