« La chambre à coucher est étrange. Inconnue. Je ne sais pas où je me trouve, ni comment je suis arrivée ici. Je ne sais pas comment je vais rentrer à la maison. »
Il y a bien d’autres choses que Christine, la narratrice d’« Avant d’aller dormir », ne sait pas : elle souffre d’amnésie depuis vingt ans, atteinte d’une forme rare de la pathologie. Tous les matins, elle se réveille dans une maison du nord de Londres en se croyant jeune étudiante célibataire. Tous les matins, elle réalise peu à peu qu’elle a 47 ans, qu’elle est mariée à un certain Ben (qu’elle ne reconnaît pas mais dont elle est dépendante : c’est lui, qui, patiemment, lui remet chaque jour les éléments de son existence en tête)…
Les informations sur ses vingt années de « trou » qu’elle engrange chaque jour péniblement s’évanouissent au cours de la nuit. Pendant son sommeil, le compteur est remis à zéro. Dans ce cauchemar éternellement recommencé surgit la figure du Dr Ed Nash, neurologue.
Boîte de Pandore
Le Dr Nash a repéré le cas « Christine » dans la littérature de sa spécialité. Elle l’intéresse.
Quand le lecteur fait sa connaissance, Ed Nash suit sa patiente extraordinaire depuis déjà quelques mois (mais bien sûr, elle ne s’en souvient pas). En lui conseillant de tenir un journal intime qui l’aidera à rassembler les morceaux épars de son existence et surtout à se les remémorer au réveil, le praticien va lui faire ouvrir une boîte de Pandore. Et transformer le roman en thriller.
Dans les replis des souvenirs de Christine se tapissent des événements troubles, l’amnésique s’en rend compte peu à peu en réalisant que son mari ne lui raconte pas exactement chaque fois la même histoire… puis finalement qu’il n’est pas son mari même si elle en a bien un. Et aussi un enfant. Qu’elle croit mort avant de découvrir que non.
C’est bien la patiente que se libère de sa toile d’araignée mais en coulisse, le Dr Nash, sérieux, obstiné, avec exactement la bonne distance, est le démiurge.
S.J. Watson, « Avant d’aller dormir », Sonatine Éditions, 2011
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