Le TEMPS DE LA MEDECINE
« EN DEPIT d'un taux d'hospitalisations relativement constant depuis une dizaine d'années, le nombre de passages aux urgences augmente de façon régulière. Au CHU de Nîmes, par exemple, il est actuellement de 45 000 par an (34 000 adultes et 11 000 enfants) et, à Montpellier, qui draine un bassin de population encore plus important, il est de 70 000 annuellement », explique au « Quotidien » le Pr Jean-Emmanuel de la Coussaye, chef de service du département d'anesthésie-réanimation (DAR), des urgences et du Samu au CHU de Nîmes. Deux faits essentiels ont influé sur les rapports médecin-patient dans son service des urgences. D'une part, un effet « supermarché » : les patients viennent à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit pour une raison qui ne relève que rarement de la médecine d'urgence. D'autre part, une inadaptation du nombre des médecins au surcroît de travail. « Avant 1991, date de la mise en place de la "séniorisation" des urgences, certains patients étaient examinés par un externe, d'autres par un interne, et le recours au médecin titulaire était encore assez rare. Aujourd'hui, les malades y ont gagné en sécurité, mais ce système a induit une lourdeur dont l'approche des patients se ressent », explique le Pr de la Coussaye.
Deux salles d'attente.
Afin de minimiser les conflits entre soignants et patients ou familles, différents moyens ont été employés. A Nîmes, deux salles d'attente ont été construites, séparées par une porte fermée. A l'extérieur, les familles, à l'intérieur, les patients. Cet aménagement a permis de limiter le nombre des conflits, qui sont le plus souvent en rapport avec l'impatience de la famille. Au contact des autres patients - y compris des cas les plus graves -, les malades ont tendance à attendre leur tour avec une moindre agressivité.
La gestion du flux de patients s'adressant aux urgences pour un motif qui dépend de la médecine de ville reste un problème quotidien. A Nîmes, c'est l'infirmière d'accueil et d'orientation (YAO) qui effectue la première évaluation. Or son avis est souvent mis en doute par les familles (« Elle n'est pas médecin ! »). A Montpellier, ce rôle est dévolu à un médecin. Pour limiter l'attractivité des urgences, il propose, même si son diagnostic est posé et si une ordonnance simple est suffisante, d'adresser le malade à un cabinet de ville avec lequel il aura pris contact par téléphone.
Enfin, la relation entre soignants et patients est grevée par les délais actuels avant l'obtention d'un lit dans les services d'hospitalisation. « Un patient qui est resté calme tout au long de l'attente initiale a parfois du mal à comprendre pourquoi il reste bloqué sur un brancard - apparemment sans soins - pendant une durée qui peut aller jusqu'à 36 heures », continue le Pr de la Coussaye.
Seul point positif dans le rapport médecin-malade aux urgences : l'absence de doutes. Le diagnostic posé par le médecin urgentiste n'est généralement pas l'objet de discussions car les urgences sont encore très souvent considérées comme le dernier recours en matière de médecine.
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