Un millier de médecins sont attendus à Rome au congrès de la Fédération européenne des associations de médecins catholiques (FEAMC), autour du thème « La bioéthique et l’Europe chrétienne ». D’autres questions, comme l’homoparentalité, devraient faire réagir les participants.
Pendant trois jours à Rome et jusqu’au 18 novembre, 1 000 médecins venus d’une quinzaine de pays d’Europe, parmi lesquels une centaine de praticiens français et 500 italiens, vont plancher sur la bioéthique et ses racines chrétiennes : débuts et fins de vie bien sûr, mais aussi biotechnologies, diagnostic clinique et médecine prédictive, cyborgs, neurobiologie de la conscience, éthique de la médecine de catastrophe, mass media et bioéthique. « Ce congrès est une occasion unique d’échange entre médecins catholiques de toute l’Europe, souligne le Dr François Blin, président de la FEAMC, dans le plus grand respect des opinions différentes. Un tel événement revêt une grande importance dans le contexte actuel de remise en question de certains fondements éthiques majeurs de notre société. »
« Certes, ajoute le Dr Blin, les préoccupations des confrères peuvent différer, selon qu’ils viennent de pays de l’Europe du Nord, plus libéraux, ou de l’Europe du Sud, classiquement plus proches de la doctrine exprimée à Rome. Mais l’Évangile est bien nettement le point de convergence de toutes nos disparités. »
Transgression de l’éthique et éthique de la transgression.
Chaque délégation nationale proposera ses contributions. Les Français ont programmé une session sur l’objection de conscience. « C’est un thème majeur », note le Dr Bertrand Galichon qui en sera l’animateur. Le président du Centre catholique des médecins français (CCMF) redoute la réduction du droit de retrait des soignants pour des actes comme l’avortement. « Or, estime-t-il, c’est dans le respect accordé à la clause de conscience que se jouent le principe de notre liberté et notre responsabilité, qui sont l’essence de notre humanité. Il faut garantir sur ce sujet les conditions d’un dialogue en profondeur avec la société, en évitant toute prise de position identitaire qui bloquerait la réflexion commune. Lorsqu’il y a transgression de l’éthique, il doit y avoir une éthique de la transgression. »
Ouvrir le débat sur des sujets éthiques parfois très tendus, c’est la priorité du Dr Galichon, qui assure ne pas disposer toujours, quant à lui, de réponses toutes prêtes : « Comment convient-il de répondre, par exemple aux questions sur la prise en charge du très grand âge ?, demande-t-il. De quelle manière doit-on continuer à soigner une personne centenaire, qui s’est recroquevillée en position fœtale ? »
Une quasi-unanimité
D’autres sujets devraient réunir un consensus, sinon à la tribune, du moins dans les couloirs du congrès : sans être inscrite à l’ordre du jour, « la question de l’homoparentalité fait la quasi-unanimité des médecins catholiques, qui sont en accord avec les évêques français pour exprimer leur opposition à une modification législative », affirme le Dr Blin. « Non seulement nous sommes concernés comme citoyens et comme parents, ajoute le Dr Galichon, mais nous le sommes aussi comme médecins, puisque c’est nous qui serons appelés à ramasser les pots cassés. Sur un sujet fondamental comme celui-là, les médecins catholiques rejoignent les prises de position de l’Église réformée de France et du Grand rabbin. Pour ma part, je suis favorable à l’organisation d’un référendum et je ne puis que déplorer l’absence d’un vrai débat citoyen. »
Le président du CCMF se félicite néanmoins que la voix de son association semble aujourd’hui mieux entendue et reconnue par la hiérarchie catholique, « avec de meilleurs contacts avec des évêques, comme Mgr Jean-Luc Brunin, responsable de la pastorale de la famille et de la société, ou Mgr Armand Maillard, l’évêque en charge des questions de santé ». Le Dr Galichon ne cache pas que ses adhérents sont « dramatiquement peu nombreux », avec une centaine de médecins seulement. Mais il note des signes d’amélioration, comme la fréquentation de la revue « Médecine de l’homme », mise en ligne depuis deux ans, ou la constitution de la conférence des associations de professionnels catholiques dans la santé, qui instaure une nouvelle dynamique de réseau entre médecins, pharmaciens et professionnels du monde sanitaire et social.
Renseignements : www.amci-feamc2012.org
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