LA PRISE EN CHARGE et la prévention des maladies respiratoires chroniques obstructives, essentiellement l’asthme et la Bpco (broncho-pneumopathie chronique obstructive), restent encore à améliorer en France. Pour ce faire, les principales associations qui luttent contre les maladies respiratoires, en partenariat avec la Direction générale de la santé et AstraZeneca, avaient lancé la campagne nationale et régionale Destinations Respiration, menée pendant 80 jours (de Poitiers, le 10 avril, à Limoges, le 1er juillet) dans 24 villes. Sur les 7 000 personnes qui ont visité le bus-exposition, 6 000 ont subi un dépistage grâce à des mesures de souffle : une manière d’enquête épidémiologique sur un échantillon sans précédent. Une aubaine, souligne le Pr Bruno Housset, président de la Fédération française de pneumologie, tant «l’on manque de données fiables sur la Bpco, une maladie dont 92% des plus de 40ans ignorent jusqu’à l’existence. Quant aux asthmatiques, un malade sur trois n’a pas subi de mesure de son souffle pendant son suivi».
Malgré la récente réaction des pouvoirs publics – le premier plan Asthme (2002-2005) lancé par Bernard Kouchner, puis le groupe d’action contre l’asthme (2005-2010) et le plan contre la Bpco jusqu’en 2010 décidé par Xavier Bertrand le 15 novembre 2005 –, ces pathologies ne semblent pas accuser de recul. «Si L’on ne se décide pas à agir, d’ici à 2020 la Bpco sera la troisième cause de mortalité en France», ajoute B. Housset.
Des asthmatiques qui s’ignorent.
Les 7 000 personnes rassemblées par Destinations Respiration forment une cohorte homogène, représentative de tous les âges de la vie (27 % d’entre eux avaient entre 20 et 35 ans notamment) et répartissant bien les deux sexes (47 % d’hommes et 53 % de femmes). Mais, parmi les 6 000 individus dépistés, 7 % (c’est-à-dire 400 visiteurs) présentaient des «anomalies à investiguer» : le dépistage, en zone dite rouge, nécessite alors une exploration fonctionnelle respiratoire (EFR). Deux pour cent étaient des patients suivis pour des troubles respiratoires obstructifs tandis que 5 % ignoraient leur état. Un constat malheureusement attendu car, sur les trois millions et demi d’asthmatiques, on suppose que de un million à un million et demi d’entre eux ne se savent pas atteints. De même pour la Bpco. En outre, 21 % des mesures se situent en zone jaune, indiquant qu’il y a une obstruction à confirmer par l’existence de facteurs de risque et de symptômes respiratoires (la crise typique avec ses sifflements, une toux chronique…).
Cet état des lieux peu reluisant semble aussi trouver ses causes dans un mauvais passage de relais entre le spécialiste (le pneumologue) et le généraliste, ce dernier étant peu enclin à prescrire des mesures de souffle à ses patients. L’étude de Destinations Respiration révèle que les médecins généralistes ayant participé aux réunions d’information sur les méthodes de mesures du souffle organisées pendant cette campagne prescrivent moins de vingt EFR par an. «Nous, les médecins, nous sommes responsables de cette situation, conclut le Dr Yves Grillet, président de l’association Bpco. Il faut former les généralistes à l’utilisation des débitmètres de pointe mécaniques.»
Cet outil simple permet en effet une première estimation de la fonction respiratoire. Les pneumologues souhaitent que les généralistes pratiquent cet acte systématiquement, un peu comme la prise de tension. Si cet instrument n’est pas le moyen le plus efficace pour diagnostiquer l’asthme (une équipe japonaise de chercheurs a récemment mis en avant que le taux de CRP [C-reactive protein] ultrasensible serait un marqueur de l’inflammation des voies aériennes), il donne néanmoins une idée de la différence entre le débit expiratoire de pointe (DEP) du patient et le DEP théorique (par exemple, un adolescent a un DEP théorique de 350 l/min, un homme d’une cinquantaine d’années a un DEP de 620 l/min…).
Renseignements : www.destinations-respiration.com, 0.811.02.40.00. Association asthme et allergies : 01.47.55.03.56, 0.800.19.20.21. Association Bpco : www.bpco-asso.fr.
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