VINGT ANS serait-il le plus bel âge de la vie... d'un syndicat ? Pour l'Unof en tout cas, qui a célébré cet anniversaire à Paris en présence de 150 généralistes, le temps est à l'optimisme et à la marche en avant, « sans surenchère ni frilosité », après dix années de « résistance ». Le Dr Michel Combier, successeur d'un autre Michel (Chassang) à la tête de l'Unof depuis avril 2002, plante le décor. « Nous sommes le premier syndicat de généralistes, nous serons le premier syndicat de médecins traitants. Ce statut, nous le revendiquons ! »
Les défis ne manquent pas. En signant la convention, la maison-mère, la Csmf, a officialisé le retour de tous les « confédérés » dans l'accompagnement politique des réformes. Une stratégie qui comporte quelques risques à l'heure où MG-France mène le bal des contestataires, où certains coordonnés reprennent de la voix et où les médecins en formation doutent de leur avenir. Qu'on se le dise : l'Unof « assumera » l'engagement confédéral sans arrière-pensées. « De quel droit, au nom de quel paternalisme, un médecin pourrait-il retenir les formulaires de ses patients? », s'étonne le Dr Combier. Le généraliste toulousain, qui n'a pas son stéthoscope dans sa poche, n'épargne pas MG-France. « Ceux qui disent que les médecins traitants sont des sous-traitants ont fait la preuve qu'ils étaient, eux, les médecins... traitant des sous. » Une allusion aux généralistes référents, accusés d'avoir parfois multiplié les contrats de patients « abonnés » pour améliorer leurs revenus.
Gagner la bataille de la com'.
Le gouvernement veut s'appuyer sur les médecins de famille pour faire la pédagogie de la réforme. Il s'agit de gagner le pari financier de la maîtrise médicalisée (1 milliard d'euros d'économies attendues en 2005) au-delà de l'effet « psychologique », souvent éphémère. Xavier Bertrand a tiré la première salve. « La convention, il faut maintenant la faire vivre, expliquer et rassurer. Ne perdez pas la bataille de la communication, surtout sur le terrain. Soyez les fers de lance de la réforme. » Pas en reste, Philippe Douste-Blazy a évoqué un moment historique pour la médecine générale. « Cette convention, elle est pour vous, prenez le pouvoir! », a-t-il lancé aux généralistes, estimant qu'il « n'y a pas de monde dans la rue » pour dénoncer. Reste à restaurer la confiance entre les caisses et les médecins sur tout le territoire, ce qui n'est pas gagné. Le gouvernement demande au réseau local de la Cnam de se mobiliser en ce sens. Des conciliateurs devront éviter que les conflits soient portés devant les juridictions.
La convention, souligne Michel Combier, « n'est pas une fin en soi ». Les généralistes attendent des réponses immédiates sur la permanence des soins. Ils s'alarment de la démographie déclinante et exigent un calendrier lisible sur la Ccam clinique, sans oublier un « signal fort » sur l'acte de base. Et s'ils adhèrent aux objectifs du dossier médical, ils en redoutent les contraintes.
Sur tous ces chantiers, le gouvernement a repris la main. La PDS sera réglée « avant la fin du premier trimestre ». Il y aura bien une organisation « sur mesure » en fonction des situations locales et le dispositif distinguera « ce qui se passe avant minuit (période qui exige une implication prioritaire des libéraux) et ce qui se passe après ». Un plan « démographie » visant à « mieux répartir » les médecins sur le territoire et à définir les contours de la pratique dans les dix ans à venir est à l'étude. Quant au dossier médical, jurent les ministres, il sera « simple, confidentiel » et les généralistes « en définiront le contenu ».
Grande absente de la convention, l'augmentation de la consultation de base du généraliste a été indirectement évoquée par les ministres, sous condition de la réussite de la maîtrise médicalisée. Xavier Bertrand estime que la question de la juste rémunération de l'acte médical « ne doit faire ni frémir ni trembler ». Douste va plus loin, « persuadé que l'acte intellectuel doit être revalorisé ». « Personne ne gagnera à paupériser la médecine. Mais cassons la croissance folle des dépenses... »
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