Antiquités
Ancien officier de l'armée britannique, aujourd'hui âgé de 84 ans, combattant de la Seconde Guerre mondiale, John Peter Moore devint vers 1960 le secrétaire particulier de Dali. Sa collection ne comporte pas d'uvres aussi majeures que celle d'Edward James, dispersée à New-York en 1981, mais, sans prétendre à l'exhaustivité (qui le pourrait ?), elle fait bien le tour du personnage et de l'artiste à tous les âges de sa vie et sous tous les aspects de son génie.
Le petit paysage exécuté aux environs de Figueras à l'âge de 9 ans, comme celui de la plage de Cadaquès, façon carte postale, dix ans plus tard (estimé 300 000 euros), montrent un sens de la composition aussi précoce que remarquable.
Les tableaux proprement dits sont rares dans la collection Moore. Le mieux estimé est une grande toile quasi monochrome de 1962 intitulée « Twist dans l'Atelier de Vélasquez », où Dali esquisse en camaïeu brun les principaux personnages des « Ménines », et dont on attend 300 000/400 000 euros. Le plus représentatif est un minuscule « Rêve sur la plage » (9 x 7 cm) peint en 1934 dans la gamme brun jaune bleu et crédité de 130 000/180 000 euros.
Parmi les nombreux dessins et gouaches, certains sont des travaux préparatoires de tableaux majeurs comme « la Pêche au thon » de 1967, alias « hommage à Meissonnier », que Dali considérait comme « le tableau le plus ambitieux que j'ai peint ». Il y réunit en effet toutes les tendances picturales de l'époque, ce qui explique les nombreux croquis, dessins et esquisses préparatoires dont sept ou huit figurent ici ; les deux gouaches les plus « achevées » sont estimées 8 000 à 12 000 euros chacune.
Plusieurs dessins et croquis entourent aussi « les Trois âges », des années 1938/1940, composé d'images doubles sur fond d'un paysage inspiré de Cadaquès. « Le Sommeil », peint en 1937, qui fut en 1981 la vedette de la vente Edward James, a fait l'objet de la part de Dali de plusieurs « flash back », dont un figure ici sous forme de collage photographique de 1955, estimé 5 000/7 000 euros.
On retrouve « le Sommeil » vingt ans plus tard, un peu déformé, entouré de papillons et au centre d'un triptyque offert par Dali au capitaine Moore.
La vente fait la part belle aux sculptures, traditionnellement moins cotées que les peintures, mais qui sont une part essentielle de l'uvre et de la démarche de Dali. Ce sont elles qui font le mieux apparaître les références culturelles classiques et méditerranéennes de l'artiste, accommodées à la sauce surréaliste, comme la Vénus équipée de tiroirs et le Victoire de Samothrace renversée en piétement de table.
Après André Breton en avril, Jean Arp il y a quinze jours, la vente Dali, dont on espère 4 à 6 millions d'euros, clôt une sorte de triptyque qui fait de Paris la capitale 2003 du surréalisme.
Lundi 30 juin, 21 h, mardi 1er juillet, 10 h 30 et 14 h, Hôtel Dassault, Rond Point des Champs Elysées, 75008 Paris, ArtCurial.
Cette vente Dali est la première d'une session de trois jours et sept vacations, axée essentiellement sur l'art du XXe siècle, mais qui se termine, le mercredi 2 juillet, sur une dispersion d'art tribal de provenances diverses et illustres, et sur une vente plus classique de mobilier Art Déco.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature