Un jour, les patients ayant besoin d’une transfusion sanguine deviendront peut-être leurs propres donneurs. Les résultats de l’étude menée par Luc Douay (directeur de recherche de l’Unité « Prolifération et différenciation des cellules souches », unité mixte de recherche Inserm UPMC, hôpital Saint-Antoine) représentent un espoir sensible dans le contexte actuel, où les besoins en sang ne cessent de croître mais pas le nombre des donneurs et où les problèmes de sécurité des produits transfusés se posent.
Les premiers tests ont été réalisés chez la souris. Des cellules souches hématopoïétiques (CSH CD34+) provenant du sang circulant d’un donneur humain ont été mises en culture avec l’aide de facteurs de croissance spécifiques qui régulent la prolifération et la maturation vers les GR matures. On a obtenu des milliards de GR. Ces GR obtenus par cette culture (GRc) sont fonctionnels en termes de déformabilité, contenu enzymatique, capacité de leur hémoglobine de fixer/libérer de l’oxygène et, enfin, l’expression des antigènes de groupe sanguin.
Il a ensuite été montré que les GRc peuvent atteindre leur maturation complète dans l’organisme.
Ensuite, un test humain, a été réalisé chez un volontaire. Ses propres CSH ont été mises en culture avec les facteurs de croissance, et marquées au chrome radioactif (Cr51). Au bout de 5 jours, le taux de survie des GRc dans la circulation sanguine du sujet se situe entre 94 et 100 %. Au bout de 26 jours, ce taux est entre 41 et 63 %, ce qui est comparable à la demi-vie moyenne de 28 jours des globules rouges natifs normaux.
« Compte tenu de la quantité injectée dans notre étude, on ne peut évaluer l’efficacité transfusionnelle des GRc. Toutefois, leur survie in vivo témoigne globalement de leur qualité et de leur fonctionnalité. »
L’un des objectifs est de générer un maximum d’unités cellulaires. Le défi scientifique va consister à exploiter au maximum les capacités de prolifération/différenciation des CSH pour atteindre la maturité aussi vite que possible.
À cet égard, les CSH périphériques peuvent évidemment présenter un intérêt pour la production des GR autologues. Mais, « à notre expérience, la meilleure source pour la production des GR est clairement les cellules dérivées du sang de cordon. Ces cellules génèrent 5 à 10 fois plus de GR que les CSH périphériques et elles ont une capacité à la prolifération supérieure, pour une capacité identique à perdre leur noyau ».
Marie-Catherine Giarratana et coll. dans « Blood », publié en ligne le 1er septembre 2011 ; doi :10.1182/blood-2011-06-362038.
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