L ES quatre grossesses et les trois naissances obtenues par des Lyonnais chez des brebis après congélation, décongélation et autogreffe de tissu ovarien constituent un immense espoir pour les femmes qu'un traitement anticancéreux risque de rendre stériles.
Pour les fillettes et les jeunes femmes chez qui une chimiothérapie ou une radiothérapie risque de compromettre la fonction reproductrice, on fonde des espoirs sur l'autogreffe de tissu ovarien prélevé avant traitement et congelé. Des résultats encourageants ont été obtenus chez l'animal, et une autogreffe a déjà été tentée chez deux femmes (« le Quotidien » des 27 septembre 1999 et 17 avril 2001).
On sait donc déjà qu'il est possible de congeler, décongeler et réimplanter du tissu ovarien, et on a observé une production hormonale. Une des deux femmes a présenté des ovulations après stimulation, l'autre, un épisode de règles. Il faut maintenant savoir si cette technique permet, chez un gros mammifère, d'obtenir une grossesse.
Une production de progestérone
C'est dans ce cadre que se situent les travaux de B. Salle et coll. (Lyon). Entre septembre 1999 et janvier 2000, six brebis ont eu l'ablation de l'ovaire droit et de la trompe droite. Du tissu ovarien a été congelé. Puis, trente à quarante-cinq jours plus tard, l'ovaire gauche a été enlevé et remplacé par une autogreffe de tissu ovarien droit décongelé. De deux à quatre mois après l'autogreffe, on a observé une production de progestérone à des taux physiologiques.
A l'été 2000, quatre grossesses étaient constatées sur le taux de progestérone. Au début de septembre, l'échographie montrait deux grossesses gémellaires et deux grossesses uniques. Le premier agneau est né le 12 novembre 2000, pesant 6 kg, mais il est mort quelques heures plus tard (l'autopsie n'a pas montré de malformations). La deuxième naissance (des jumeaux : 3,2 et 3 kg) a eu lieu le 2 décembre 2000 ; les deux sont en bonne santé. Les deux autres grossesses étaient encore en cours au moment de la rédaction de la communication des Lyonnais pour le congrès de l'ESHRE (1).
Après la première naissance, l'ovaire greffé a été enlevé et analysé : présence d'un corps jaune et de follicules primordiaux.
A la connaissance des auteurs, c'est la première description de naissances vivantes après autogreffe de tissu ovarien congelé chez des gros mammifères.
(1) Congrès annuel de la Société européenne de reproduction humaine et d'embryologie, Lausanne.
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