LES CHIFFRES ont la parole. On avait pu croire un moment, dire même, que les décès dus à la canicule n'étaient qu'anticipés et que la mortalité de 2003 ne serait pas très différente de ce qu'elle était les années précédentes. Le bilan démographique que rend public l'Insee est sans appel : l'année 2003 est marquée par une hausse sensible du nombre de décès, 560 300, au total, et la mortalité n'avait pas atteint un tel niveau depuis 1985.
L'année avait pourtant bien commencé, en l'absence d'une forte épidémie de grippe : 6 000 décès en moins en janvier 2003 par rapport à janvier 2002. Les décès ont ensuite été un peu plus nombreux que l'année précédente et à la fin de 2003, l'épidémie de grippe a été sévère. Quant à la canicule d'août, elle a, selon l'Inserm, provoqué 15 000 décès supplémentaires. Et finalement, en 2003, il y a 16 200 morts de plus qu'en 2002.
En fait, après avoir régulièrement diminué, le nombre de décès augmente légèrement depuis 2000. Cela est dû, mécaniquement, à l'augmentation du nombre de personnes âgées, mais, note l'Insee, compte tenu de la baisse du risque de mortalité, on aurait pu s'attendre en 2003 à un nombre de décès voisin de celui de 2002.
Du coup, l'espérance de vie stagne, voire régresse, chez les femmes. Pour les hommes, elle est à la naissance de 75,8 ans (75,7 en 2002) et à 60 ans de 20,8 (idem en 2002). Chez les femmes, elle n'est plus que de 82,9 ans, contre 83 à la naissance et 25,6 contre 25,7 à 60 ans. L'écart entre les deux sexes continue de se réduire, mais reste important.
Le vieillissement de la France se poursuit à bon rythme : au 1er janvier 2004, 16,2 % de la population avait 65 ans ou plus, contre 14,6 % il y a dix ans. La part des moins de 20 ans est passée pendant la même période de 26,7 à 25,3 %.
1,9 enfant par femme.
Avec 792 600 bébés en 2003, le nombre de naissances reste stable, mais à un niveau élevé. Et cela bien que les femmes de 20 à 40 ans, qui ont donné naissance à 96 % des bébés de l'année dernière, soient de moins en moins nombreuses. Les femmes continuent à avoir en moyenne plus d'enfants qu'au cours des années 1990 : 1,91 enfant par femme. L'âge moyen à la maternité est de 29,5 ans. Au terme de leur vie féconde, les femmes ont toujours plus de deux enfants en moyenne (2,03 pour celles qui sont nées en 1963, contre 2,09 pour la génération 1953). Les filles de 1968, qui ont à l'heure actuelle 1,74 enfant, devraient flirter elles aussi avec les 2 enfants en moyenne.
En termes de population, le poids de la France est loin d'être négligeable. Avec 61,7 millions d'habitants (DOM compris), elle se situe au deuxième rang des pays européens, derrière l'Allemagne (82,5 millions) et devant le Royaume-Uni (59,5 millions). Elle rassemble 16 % des habitants de l'Europe des Quinze et 13 % de la future Europe élargie à 25. Mais si la population française a augmenté à un rythme plus élevé que celui de l'ensemble des Quinze (4,7 pour 1 000, contre 3,4), son accroissement a été moindre en 2003 qu'en 2002. Cela est dû à la hausse des décès liée à la stabilité des naissances et à une baisse du solde migratoire, puisque de moins en moins de réfugiés et de travailleurs étrangers peuvent entrer dans notre pays.
* Insee Première, n° 948. Tél. 01.53.17.88.45, www.insee.fr.
Vive les pacsés !
Après l'envolée de 2000, les mariages ont un peu moins de succès : 280 300 ont tout de même été célébrés en 2003. La baisse touche essentiellement les premiers mariages, le nombre de remariages restant stable. Les hommes se marient en moyenne à 30,4 ans et les femmes à 28,3. L'échelle est moindre, mais le Pacs trouve de plus en plus d'adeptes : 25 000 ont été signés en 2002 et 21 000 pour les neuf premiers mois de 2003.
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