La Journée nationale de l'audition garde ses deux cibles : les jeunes et les seniors. Deux tranches d'âge concernées par la malentendance. Les plus jeunes par l'agression des décibels, les plus âgés par la presbyacousie. Ici et là, l'atteinte insidieuse de l'audition justifie à la fois la persévérance des organisateurs et le ciblage des mêmes populations.
Pour 2003, l'association de la Journée nationale de l'audition et AG2R Prévoyance ont commandé à IPSOS un baromètre de l'audition, réalisé sous forme d'une enquête. Le sondage a été effectué auprès de 2 109 individus, par voie postale.
En ambiance bruyante
Bien sûr, la première interrogation concerne les difficultés auditives. Près d'un tiers des sujets interrogés (32 %) reconnaissent qu'ils en ont. Elles apparaissent essentiellement en ambiance bruyante (fête, réunion de famille). Ce qui, si on considère le trouble comme symptomatique des prémices de la presbyacousie, est bien corroboré par l'atteinte des plus de 45 ans. Atteinte qui croît avec l'âge pour concerner 15 % des plus de 70 ans.
En s'intéressant aux divers indices des troubles de l'audition (faire répéter, télé trop forte, difficultés à localiser l'origine d'un son...), l'enquête révèle un chiffre inquiétant : 37 % des 15-19 ans décrivent fréquemment au moins l'un de ces symptômes.
Une fois qu'a été recherchée la prévalence des troubles de l'audition, l'enquête s'est portée sur la prise en charge. Globalement, un peu plus de la moitié des participants (54 %) ont subi un contrôle de l'acuité auditive, chiffre qui demeure stable au fil des âges. En revanche, surprise encore, parmi ceux qui déclarent avoir au moins un symptôme fréquent de déficit auditif, 34 % n'ont pas jugé utile d'avoir recours à un dépistage. L'examen est pratiqué préférentiellement par le médecin du travail chez les 20 à 44 ans, par un ORL au-delà et chez les plus jeunes. L'enquête relève aussi que plus l'âge augmente et plus le dernier contrôle est ancien. Peut-être faut-il y voir des difficultés à consulter à nouveau. Le sondage suggère enfin qu'une grande partie de la population échappe au dépistage. Sur les 54 % ayant subi une audiométrie, il existait un déficit chez 38 % des 45-59 ans, 48 % des 60-69 ans et 64 % au-delà.
12 % sont appareillés
Restait à explorer le domaine de l'appareillage auditif. Ici les données commencent à perdre leur pertinence, car elles ne portent que sur les 18 % de sujets reconnaissant des difficultés auditives. Seuls 12 % sont appareillés, soit 2 % de l'échantillon global. Les réticences relèvent du prix (27 %), de l'absence d'envie (23 %) et du « pas de raison particulière » (35 %). Enfin, parmi les 44 personnes appareillées, 36 % l'ont fait à la suite d'une démarche personnelle et 30 % sur recommandation de leur généraliste.
Une dernière question a porté sur les acouphènes. Ils ont touché à un moment quelconque de leur vie 15 % de l'échantillon, avec une prévalence croissant avec l'âge.
L'impression générale de résistance et de non-reconnaissance de l'affection que laisse ce sondage est en phase avec les propos du Pr Eric Truy (Lyon). Il rappelle, à propos de la presbyacousie, l'existence d'un déni du public, qui ne reconnaît pas le handicap. « Il faut que le malentendant accepte l'idée de porter une aide auditive...et que les autres l'acceptent aussi. » Le malentendant, rapporte-t-il, lit l'agacement dans les yeux de son interlocuteur, il utilise des stratégies d'évitement des conversations. « Il vit dans un isolement relationnel, il a perdu l'habitude de communiquer. »
Un site est mis à disposition du public : www.audition-infos.org.
La Journée nationale de l'audition est parrainée par Jean-François Mattei et, parmi de multiples partenaires : AG2R, Agevillage, La Cité de la santé, La Fédération française de la santé au travail, la Fédération nationale de la mutualité française, la Fédération nationale des orthophonistes, la Fondation de France, France Telecom, les Laboratoires Diepharmex , Quies, la Mutuelle des étudiants, le réseau d'information jeunesse.
Des dépistages gratuits
Outre une campagne ciblant essentiellement le risque dû aux décibels chez les jeunes (affiches, distribution d'une bande dessinée informative et de bouchons d'oreille), de multiples centres hospitaliers, services ORL, cabinets de spécialistes et chercheurs participeront le 12 juin à une permanence d'informations dans leurs locaux. La majorité d'entre eux procéderont gratuitement à des tests de dépistage audiométriques.
La liste de tous ces participants est disponible sur www.audition-infos.org.
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