LA MOBILISATION de la profession et des défenseurs des droits de l'homme qu'a provoquée la « situation humaine dramatique » du Dr Michele d'Auria, selon l'expression du ministre de la Santé, semble porter ses fruits. Le 27 mai, une délégation composée de représentants du Comité de soutien au Dr d'Auria*, de Médecins du Monde, du Syndicat de la médecine générale, de Droit au logement, de la Ligue des droits de l'homme et d'une élue de Paris, a été reçue longuement par Patrick François, chef de cabinet du ministre.
Le jour même, Philippe Douste-Blazy adressait un courrier aux présidents de l'Ordre national et des conseils ordinaux d'Ile-de-France et de Paris. Il a souhaité que l'instance régionale, chargée d'examiner l'appel du Dr d'Auria, se réunisse au plus tard en début de semaine afin de « traiter la situation (du praticien) et de trouver une issue favorable ».
Michele d'Auria, 48 ans, est hospitalisé depuis le 24 mai, au 40e jour de sa grève de la faim pour obtenir sa réintégration au sein de la communauté médicale. Il a été radié en 2003, après une plainte déposé contre lui pour exercice illégal de la médecine, faux et usage de faux. Le praticien, qui a exercé depuis 1993 dans le cadre de la Fondation de l'abbé Pierre, avait entamé une première grève de la faim, qu'il avait suspendue au bout de 21 jours, « à la suite des assurances que sa demande serait réexaminée ».
Sa faute a été de travailler sous un nom d'emprunt pendant dix ans, en raison d'une erreur judiciaire commise à son encontre en Italie, rappelle son comité de soutien. Condamné par contumace à neuf ans de prison par la justice italienne, en 1997, pour des braquages commis à Milan en 1990, Michele d'Auria a été mis en détention à Paris en février 2002. Il a prouvé son innocence car, au moment des braquages, il était à l'étranger.
Le gouvernement français a reconnu la validité de ses arguments en refusant son extradition et la justice a confirmé en appel, en novembre dernier, le non-lieu prononcé en sa faveur après la plainte de l'Ordre pour inscription au tableau des médecins sous un autre nom que le sien. Le conseil de Paris a pourtant refusé, le 11 mai, sa réintégration.
Aujourd'hui, la page judiciaire est définitivement tournée. Il ne reste plus au Dr d'Auria qu'à recouvrer son honneur professionnel, ce que devrait lui permettre l'Ordre d'Ile-de-France, qui a pris en compte l'intervention de Philippe Douste-Blazy. Les décisions ordinales sont rendues en général jusqu'à huit semaines après l'audience, mais, « compte tenu des circonstances », ce délai devrait être raccourci, laisse entendre au « Quotidien » le Dr Pierre Leporc, secrétaire général.
* Site internet : micheledauria@free.fr.
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