Les études sur le Sras relues par l’OMS

Aucun traitement n’a fait ses preuves

Publié le 11/09/2006
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«En dépitd’une littérature abondante rapportant les traitements du Sras, il n’a pas été possible de déterminer s’ils ont pu être bénéfiques pour les patients durant l’épidémie. Certains ont pu être délétères.» Telle est la conclusion d’une revue des études de toutes les thérapeutiques potentielles de l’infection réalisée par un groupe de travail à la demande de l’OMS.

Lauren J. Stockman (Atlanta) et coll. se sont intéressés en particulier aux antiviraux (ribavirine, lopinavir, ritonavir), aux corticoïdes, aux immunoglobulines et aux interférons. Ils se sont attachés à déterminer leur activité invitro, sur les patients et sur le taux de décès, notamment par détresse respiratoire aiguë.

Celles sur les antiviraux ne pouvaient conclure.

Il apparaît que, malgré trente études réalisées avec la ribavirine, aucune n’apporte la preuve d’une guérison induite par l’antiviral. En revanche, trois études rapportent des anémies hémolytiques. De même pour les corticoïdes. A quelque stade de l’infection que ce soit, il est difficile de les recommander en raison de leur action immunosuppressive, du retard qu’ils induisent dans l’élimination virale, de leurs risques de nécrose avasculaire et de psychose induite.

Le travail de l’équipe de l’OMS a porté sur 54 études thérapeutiques. Parmi elles, quinze étaient invitro, la plupart de celles portant sur les antiviraux ne pouvaient conclure, comme vingt-cinq des vingt-neuf consacrées aux corticoïdes.

Pourtant, cette analyse globale connaît des limites. Tout d’abord, l’inclusion de patients dont la présence du coronavirus n’a pas été confirmée peut avoir conduit à une sous-estimation de l’efficacité des antiviraux. Ensuite, les posologies variaient beaucoup entre les diverses études.

la conclusion du groupe de travail porte sur l’avenir. Les faiblesses des travaux passés au crible leur fait suggérer d’utiliser des méthodes d’évaluation plus efficaces dans l’éventualité d’une nouvelle épidémie. Autrement dit, les chercheurs devront mieux se préparer à tirer les enseignements d’une future épidémie. Les essais cliniques devront être dédiés à la validation de protocoles thérapeutiques (ce qui n’était pas le cas dans les 54 études recensées). Ils devront aussi enregistrer les nouvelles données en temps réel avec un objectif rapide de diffusion des informations thérapeutiques.

« PLoS Medicine », septembre 2006, vol. 3, n° 9.

> Dr GUY BENZADON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8006