Un jardinet, une animatrice, une grande salle d'ateliers-activité, avec coin cuisine, et des sanitaires : la toute nouvelle Maison des pratiques de bien-être et de santé*, construite en bois naturel, est accueillante. Elle se situe au cœur du quartier du Marcreux, à Aubervilliers, ville communiste de 63 000 habitants, en région parisienne, et c'est Jack Ralite, ancien ministre de la Santé, qui l'inaugurera le 8 mars.
Ni centre de santé, ni maison de quartier, ni simple lieu d'information, le lieu est défini comme un espace de rencontres avec les professionnels réservé aux 5 000 habitants du Marcreux, dont 30 % de 11-25 ans. Les problèmes d'habitat et de santé des adolescents y seront repérés. Ceux qui sont le plus en difficulté, les plus « exclus des systèmes habituels » devront agir, décider et transformer leurs conditions de vie en appliquant des solutions de type communautaire.
« Le Marcreux, quartier relativement ancien, est très enclavé et insalubre », souligne le Dr Luc Ginot, directeur du service communal d'hygiène et de santé, qui a conçu il y a quatre ans le projet de la Maison. « Pour lutter contre des logements malsains, suroccupés, avec de nombreux cas de saturnisme, les procédures administratives ne suffisent pas ; il faut aussi une mobilisation de tous les jours des occupants pour améliorer l'habitat et obtenir de nouveaux droits », dit au « Quotidien » le praticien de santé publique.
Pour les adolescents
On proposera donc aux 11-25 ans des démarches régulières de prévention et d'accès aux soins, et on élaborera des programmes « qui permettent aux adultes de mieux maintenir un bon état de santé des jeunes ». Depuis cinq-six ans, un éducateur de rue du service communal d'hygiène et de santé œuvre dans le secteur. Car, si, jusqu'à l'âge de la PMI, « il n'y a pas trop de problème, vers 11-12 ans, les parents ont plus de mal à savoir comment aider leur enfant à rester en bonne santé ».
Grâce à la Maison des pratiques de bien-être et de santé, le partage des compétences transmises par les professionnels et les habitants eux-mêmes devrait apporter plusieurs réponses. Qu'il s'agisse de la sexualité ou d'une autre question, les solutions sont à portée de main, estime le Dr Luc Ginot. « Il est utile, par exemple, d'apprendre à une famille à ne plus se précipiter aux urgences de l'hôpital pour 39 de fièvre. En matière d'obésité, plutôt que de recourir à une approche technicienne (quand le médecin parle de régime, il n'a guère de succès), ou même d'éducation à la santé, il serait plus judicieux de promouvoir de nouveaux comportements alimentaires, diététiques, relevant d'une logique communautaire. Il faut associer les usagers à la conception de l'action, et utiliser les savoir-faire de chacun. ».
Bien sûr, la Maison des pratiques de bien-être et de santé, c'est une équipe. Animée par Myriam Dione, titulaire d'une maîtrise et d'un DESS de santé publique, elle comprend deux médecins de PMI, quatre assistantes sociales, quatre éducateurs de l'aide sociale à l'enfance, deux animateurs du service jeunes, une infirmière et un technicien de la cellule saturnisme et deux inspecteurs de salubrité du service communal de santé et d'hygiène, sans oublier le Dr Luc Ginot. Quatre associations y assurent des permanences, et l'équipe médico-sociale du collège du Marcreux y joue un rôle prépondérant.
Quant à la demi-douzaine de médecins de famille et à la pharmacie installés aux portes du quartier, ils sont prêts à intervenir.
Unique en son genre, la Maison des pratiques de bien-être et de santé, qui s'inscrit dans le programme ministériel Santé-Ville, a bénéficié d'aides de la DDASS, de la DIV (délégation interministérielle à la ville), de la DGS (direction générale de la Santé), de la Fondation de France et du conseil général de la Seine-Saint-Denis.
* Tél. 01.48.11.21.69. Ouverte les mardi, jeudi et vendredi, de 8 h 30 à 12 h et de 16 h à 19 h, le mercredi de 11 h à 13 h et de 14 h à 19 h, et le samedi de 13 à 19 h.
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