« Le Métier des armes », d'Ermanno Olmi

Au temps des armes blanches

Publié le 29/01/2002
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A 70 ans, rien n'interdit de diriger une armée. Du moins quand on est cinéaste. Ermanno Olmi revisite un épisode de l'histoire italienne (un peu confus pour nous autres Français, même si François Ier y est pour quelque chose), pour, semble-t-il, regretter le temps où les adversaires s'affrontaient face à face, les yeux dans les yeux. Alors qu'aujourd'hui, explique-t-il, « le soldat ne voit pas et ne sait pas qui il tue » et « qu'on perd toujours davantage la conscience de la souffrance et de la pitié ».

La souffrance, c'est celle de Jean de Médicis, condottiere (chef de guerre mercenaire), dont Olmi nous conte les derniers jours, en novembre 1526. Au service du pape et du camp français, Jean de Médicis affronte au bord du Pô l'armée allemande de Charles Quint, bien décidée à aller jusqu'à Rome. Jean, le courageux guerrier qui, l'épée au poing, n'a peur de rien ni de personne, sera victime d'une trahison qui donnera à l'ennemi l'arme à feu, l'arme-machine.
Le réalisateur de « l'Arbre aux sabots » a mis beaucoup de soins et de talent dans la reconstitution des batailles, de spectaculaires combats d'arquebusiers et de chevau-légers dans de superbes paysages de brume et de neige, ainsi que des scènes de cour qu'on dirait parfois sorties de tableaux de la Renaissance. C'est très beau, avec des lumières à la « Barry Lindon » et des scènes majestueusement composées. Mais c'est un peu vain, hors le propos discutable évoqué ci-dessus.
Dans la lignée du néo-réalisme, Olmi, qui a tourné en Bulgarie, n'a dirigé que des interprètes non-professionnels. Une volonté de vérité qui va avec celle de reconstitution historique précise. Aux dépens peut-être du message.

R. C.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7055