MAGUY MARIN situe le conte de Charles Perrault dans un univers onirique, celui de l'enfance. Le cadre en est une de ces maisons de poupées vues en coupe qui font rêver enfants et parents dans les vitrines de Noël. Les personnages portent tous des masques de poupées de Celluloïd magnifiquement expressifs, dessinés par Monique Luyton.
La mise en scène est tout à fait fidèle à l'adaptation faite du conte pour le ballet par Nikolaï Volkov sur la musique de Prokofiev à Moscou en 1945, dont la principale variante est de faire voyager le Prince à travers le monde à la recherche de la propriétaire de la pantoufle de vair.
La musique est plusieurs fois interrompue pour laisser place à des bruitages divers et à des cris de bébés dus à Jean Schwartz qui ne sont pas toujours du meilleur effet, surtout quand ils se superposent à la musique. Mais c'est bien là la seule réserve que l'on trouve à faire à cette féerie d'une heure trente dont les trois actes sont donnés sans interruption.
Les éclairages de John Spradbery sont essentiels à ce spectacle pour vingt-sept danseurs, créant des climats magiques, notamment lors du bal où les douze coups de minuit sont sonnés par le personnage masculin qui est à la fois la Fée sous les traits d'un chevalier blanc et de l'Horloge sous l'apparence d'un robot. La chevauchée du Prince à la recherche de Cendrillon est aussi un moment fort de ce ballet et la fin d'une poésie extrême.
Maguy Marin, chorégraphe engagée, semble ne plus avoir l'inspiration aussi fructueuse depuis qu'elle s'est repliée à Rilleux-la-Pape dans la banlieue lyonnaise. Ses dernières pièces ont déçu, que ce soit « Pour ainsi dire », « Vaille que vaille », « Quoi qu'il en soit » et « Point de fuite », sa dernière création. « Cendrillon » appartient à l'époque faste de ses très grands succès comme « May B. » et « Coppelia ». La force de « Cendrillon » réside dans l'apparente simplicité de la chorégraphie utilisant un vocabulaire très simple et immédiatement perceptible par tous types de publics, mêlant à la danse une pantomime sans maniérisme et une gestique théâtrale tout à fait moderne caractérisant parfaitement chaque personnage. Les deux distributions réunies par le Ballet de l'Opéra de Lyon ont magnifiquement redonné vie à ce spectacle qui, du haut de ses dix-huit ans, n'a pas pris une ride.
Le jeune chef autrichien Thomas Roesner a donné à la tête de l'orchestre de l'Opéra de Lyon une vision brillante et mordante de cette superbe musique conférant un relief étonnant à ce spectacle culte à qui l'on souhaite d'enchanter encore des générations de public.
Opéra national de Lyon (04.72.00.45.45). Prochain spectacle chorégraphique : « Tricodex », de Philippe Decouflé, du 24 au 28 mars 2004.
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