Par le Dr JACQUES NINEY*
LE PILOTAGE de ce mode nouveau de dépistage n’existait pas. Les caisses d’assurance-maladie et les confédérations ont donc, à la demande de la Fédération nationale des médecins radiologues (Fnmr), élaboré un accord de bon usage des soins (AcBus) comprenant des règles d’assurance-qualité, une structure de suivi et la mise en place d’un système d’information. Il n’existait en effet aucun système d’information susceptible de colliger rapidement des informations simples sur les deux systèmes de dépistage et permettant d’évaluer de manière fiable les pratiques des radiologues. La Fnmr, avec l’appui du Faqsv national, a donc pris l’initiative de mettre en place l’observatoire de la sénologie. Fin 2003, une application informatique a été proposée aux radiologues, d’abord comme un outil dédié, puis progressivement comme une application intégrée à leur système d’information. L’application a été développée sur des technologies extrêmement innovantes à l’époque (WebServices).
Un tour de France a été organisé par la Fnmr pour promouvoir l’AcBus et le déploiement de Sénolog, et une hot-line a été mise en place pendant les six mois qui ont suivi l’envoi des 4 000 CD-Rom contenant l’application à tous les radiologues libéraux.
Les indicateurs retenus.
Sénolog collecte des données anonymisées-patient sur l’activité sénologique. Les indicateurs retenus ont été volontairement limités pour ne pas surcharger les cabinets de radiologie. La saisie d’une fiche nécessite moins de vingt secondes. Les indicateurs concernent :
– des données patients anonymisées ;
– des données sites-radiologues nominatives (nom, prénom, numéro Idnat du radiologue, nom et adresse du site, mammographe utilisé et date d’autorisation) ;
– des données d’activité (actes réalisés codés dès l’origine en Ccam, circonstance de la venue de la patiente : dépistage organisé ou individuel, suivi de pathologies…, spécialité du médecin adresseur, existence d’antécédents familiaux directs, année de la dernière mammographie) ;
– des données médicalisées (score ACR-Birads, conduite à tenir).
Les premières données ont commencé à remonter au mois de mars 2004, et ont crû ensuite régulièrement jusqu’en mars 2006 où elles ont atteint un plateau de 12 000 envois quotidiens, soit environ 60 % de l’activité nationale.
Les données issues de Sénolog ont donné lieu à une série de publications dès les Journées françaises de radiologie 2005. L’application et ses principaux résultats ont été présentés au Rsna 2005 (Congrès international qui se tient annuellement à Chicago). Des comparaisons ont été entreprises avec l’Institut national de veille sanitaire sur la structure de l’activité en dépistage organisé et les résultats présentés par Sénolog, qui ont montré une très grande convergence. L’InVS est d’ailleurs maintenant chargé, par convention passée avec la Fédération des radiologues, de l’exploitation des données.
Pour la HAS et l’Inca.
Lors des Journées françaises de radiologie 2006, les données de Sénolog ont été utilisées pour des communications sur « les femmes à risque et le dépistage ». Des extractions de la base de données ont été réalisées pour le compte de la Haute Autorité de santé et pour l’Institut national du cancer (Inca) sur l’impact des campagnes de promotion du dépistage.
L’Inca a proposé une convention d’échange de données et de financement des développements futurs. Ceux-ci comprennent notamment la mise en place d’une plate-forme d’intégration pour recevoir des flux des systèmes d’information hospitaliers et faciliter la transmission par les éditeurs de systèmes d’information radiologiques.
Les données de Sénolog sont analysées depuis l’origine du projet en commun par les caisses d’assurance-maladie et la profession tous les deux mois, dans le cadre d’un comité de suivi de l’AcBus. Dans ce cadre, les caisses ont annoncé un renforcement des contraintes de l’AcBus. Des contrôles ponctuels d’activité seront donc organisés périodiquement auprès des radiologues. A cet effet, un retour semestriel d’informations est maintenant envoyé à tout radiologue adressant ses données.
En 2006, il est anticipé de recevoir dans Sénolog environ 3 millions d’examens de près de 3 000 radiologues participant au dépistage du cancer du sein. Ceci en fait un outil unique d’évaluation des pratiques professionnelles (EPP), ce que la HAS n’a pas manqué de constater en situant Sénolog au coeur des projets d’EPP des médecins radiologues libéraux.
Maîtriser et partager la connaissance pour faire évoluer les pratiques en sénologie, telle était dès l’origine le coeur du projet Sénolog. Quatre ans plus tard, avec plus des deux tiers de la profession participant à la démarche, cet objectif demeure toujours d’actualité.
* Président de la Fédération nationale des médecins radiologues (Fnmr).
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