BARBARA BONNEY, Angelika Kirschlager, Tim Carroll et Denis O’Neill coiffaient la section chant de la Verbier Festival Academy 2010. Le spectacle de fin de stage ne manquait pas d’ambition, avec le choix de « La Bohème » de Puccini dans une réduction de la partie orchestrale pour dix instruments, sous la direction du jeune chef vénézuélien Ilych Rivas, lauréat cette année du prix Julius Bär. L’entrain et le professionnalisme de ce spectacle étaient contagieux dans l’église archipleine. Dans une distribution forcément inégale, car certains chanteurs ont déjà une activité professionnelle, se distinguaient le Schaunard de Cozmin Sime, la Musetta de Netta Or et le Marcello d’Owen Gilhooly. De moyens trop légers pour l’écrasant rôle de Rodolfo, Carlos Osuna s’en tirait cependant assez bien et la Mimi de Narine Ojakhyan, quoiqu’un peu gênée dans les aigus, était très crédible et émouvante. Mais, répétons-le, il s’agissait d’un spectacle de fin de stage et le public était aux anges !
Une des plus grandes déceptions aura été l’annulation du récital d’Orlando Villazón et Hélène Grimaud. Mais Martin Engstroem, directeur général et fondateur du festival, réputé pour son sang-froid et son carnet d’adresses, a eu l’idée de demander à Plácido Domingo de lui conseiller quelques lauréats de son concours Operalia, qui, chaque année depuis 1993, distingue les voix qui seront les têtes d’affiche du futur. Trois d’entre eux ont été invités, tous déjà bien lancés dans leurs carrières respectives. Ils ont donné une soirée de chant à un niveau qui valait bien un récital à l’affiche alléchante. Le ténor grec Dimitrios Flemotomos (prix du public Operalia 2009) était très convaincant dans le « Kuda, Kuda » d’« Eugène Onéguine ». Le baryton italien Marco Caria (prix du public Operalia 2007) a des moyens lui permettant d’aborder de grands rôles verdiens et la soprano américaine Angel Blue (prix Zarzuela Operalia 2009), avec une personnalité et une versatilité plus fortes, se distinguait dans Juliette, Violetta, Musetta et un très bel air de zarzuela de Chapì.
La « Ci darem la mano » de « Don Giovanni », chantée en trio avec Zerlina, hésitant entre ténor et baryton, concluait cette belle soirée dans la bonne humeur et probablement, pour beaucoup, dans l’oubli de la frustration du récital annulé.
Un chef prudent.
« Salomé », de Richard Strauss, qui achevait par une soirée orageuse ce festival, aura, malgré quelques handicaps de taille, laissé un plutôt bon souvenir. Quoiqu’à un niveau d’excellence indéniable, le Verbier Festival Chamber Orchestra n’a pas l’étoffe d’un orchestre de fosse, ce qui expliquait la prudence de la star internationale de la baguette Valery Gergiev dans sa direction, qui manquait un peu de dramatisme. Pourquoi aller chercher des retraités de la scène lyrique wagnérienne comme le ténor Siegfried Jerusalem et le soprano Gwyneth Jones (74 ans) pour chanter Hérode et Hérodiade ? La charité impose de ne pas en dire davantage. On retiendra l’excellent Jochanaan du Russe Evgeny Nikitin, un chanteur à tripes et à l’indéniable présence dramatique. Beaucoup plus controversée, la Salomé de Deborah Voigt a laissé sur sa faim. Sa voix doit forcer pour s’imposer et, en version de concert, tout le monde n’a pas le talent de combler certaines lacunes par le jeu. On retiendra aussi parmi les Cinq Juifs le chanteur berlinois Patrick Vogel, dont on pourrait reparler bientôt, et surtout l’excellent ténor canadien John Tessier, chantant Naraboth comme s’il s’agissait de bel canto (il est d’ailleurs ce mois-ci l’Almaviva du « Barbier de Séville » du Grand-Théâtre de Genève).
Verbier Festival (www.verbierfestival.com), prochaine édition du 15 au 31 juillet 2011.
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