LES ENDORPHINES, ou morphines endogènes, ne sont connues que depuis une trentaine d’années. C’est, en effet, vers le milieu des années 1970 qu’elles ont été identifiées. Les endorphines font partie des opioïdes endogènes, avec les enképhalines et les dynorphines. Il s’agit de neuropeptides largement distribués dans le système nerveux central et qui possèdent une analogie structurale avec la morphine.
Les connaissances sur le rôle des endorphines proviennent surtout d’études animales et de travaux réalisés avec des antagonistes opioïdes, comme la nalexone. Elles ont été impliquées dans diverses fonctions physiologiques, au premier rang desquelles la perception et la modulation de la douleur. Ce qui paraît logique, les récepteurs aux endorphines étant localisés essentiellement dans la corne postérieure de la moelle, le tronc cérébral, le thalamus et le système limbique, c’est-à-dire dans les structures spinales et cérébrales impliquées dans la nociception.
Les endorphines bloquent les messages douloureux en se fixant sur ces récepteurs spécifiques qu’elles partagent avec la morphine et l’opium. A ce propos, il faut noter que la diminution de la concentration des opioïdes endogènes secondaire à la consommation excessive d’opiacés explique les manifestations cliniques du sevrage. Des variations des taux plasmatiques de bêta-endorphine en fonction du niveau de contrôle de la douleur ont été mises en évidence chez des patients cancéreux (El-Sheikh N et al., Pain Physician 2004 ; 7 : 67-70.)
Les recherches suggèrent également que les endorphines jouent un rôle dans la thermogenèse et qu’elles ont des effets sur les systèmes endocrinien (peut-être via le contrôle des facteurs de libération de certaines hormones) et immunitaire. Il existe, par ailleurs, des arguments en faveur de leur implication dans les processus de régulation émotionnelle et de réponse au stress (le stress aigu entraîne une libération hypophysaire conjointe d’endorphines et d’Acth [adéno cortico tropic hormone]). Enfin, les endorphines pourraient intervenir dans le contrôle du comportement alimentaire.
Sport, sexe, rire et chocolat.
Certains attribuent aux endorphines la sensation euphorique et la « dépendance » à l’entraînement des sujets qui pratiquent un sport de manière intensive, notamment des coureurs. Comme le soulignent Bouix O. et al. dans la revue « Science & Sports », «l’exercice physique entraîne chez l’homme une élévation significative des concentrations plasmatiques de bêta-endorphine et probablement aussi une augmentation de l’activité opioïde cérébrale» (« Sci sports » 1997 ; 12 : 26-40). Pour ces auteurs, «les peptides opioïdes endogènes ont un rôle vraisemblablement important dans l’adaptation des grandes fonctions physiologiques (cardio-respiratoire, hormonale et métabolique) à l’exercice et à l’entraînement physique».
En ce qui concerne la libido et l’activité sexuelle, le rôle réel des endorphines n’est pas élucidé. D’après des résultats observés avec la nalexone, ces neuropeptides auraient un effet à la fois excitateur et inhibiteur du plaisir durant l’orgasme (Bancroft J., « J Endocrinol » 2005 ; 186 : 411-27). Mais jusqu’à présent aucune modification des taux plasmatiques de bêta-endorphine n’a été mise en évidence durant la stimulation sexuelle et l’orgasme, que ce soit chez l’homme ou chez la femme. D’une manière générale, en raison de leurs multiples sites d’action, le rôle des peptides comme les endorphines et l’oxytocine dans la stimulation sexuelle est difficile à établir.
Et le rire ? Quelques études ont montré qu’il s’accompagne d’une augmentation de la production cérébrale et des taux sériques d’endorphines. Dans un travail présenté cette année à une réunion de l’American Physiological Society, des Californiens ont chiffré l’élévation de la concentration de bêta-endorphine à 27 % chez des personnes regardant une vidéo humoristique. Quant aux aliments à haute palatabilité comme le chocolat, ils entraînent, eux aussi, une libération d’endorphines dans le cerveau. Selon des auteurs britanniques, ce phénomène constitue le mécanisme le plus probable d’amélioration de l’humeur induite par leur consommation (« Public Health Nutr » 1999 ; 2 : 403-9).
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