Dimanche, la consultation passe à 22 euros

Au 1er juillet, un petit coup de fouet pour le C et le V

Publié le 28/06/2007
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UN « TIENS » SE CONSOLE-T-ON parfois, vaut mieux que deux « tu l'auras ». La profession va pouvoir méditer ce dicton. Dimanche prochain 1er juillet, c'est acquis, la consultation (C) et la visite (V) des médecins généralistes prendront quelques couleurs : en vertu de l'avenant à la convention signé en mars par l'assurance-maladie et trois syndicats (Csmf, SML et Alliance), à l'issue d'un long bras de fer tarifaire, la valeur des lettres clés C et V des médecins généralistes sera portée de 21 à 22 euros.

Un coup de pouce de 4,8 % qui devrait procurer en moyenne 2 500 euros d'honoraires supplémentaires pour chaque médecin de famille en 2007 (4 000 à 7 000 euros par an selon l'activité).

La hausse du C entraîne plusieurs augmentations mécaniques : le « C 2 » (avis d'expert) sera facturé 44 euros, la consultation « nourrisson » (C + MNO) sera rémunérée 27 euros et la consultation « jeune enfant » de 2 à 6 ans (C + MGE) 25 euros.

Pour la Sécurité sociale, qui avait tout fait pour retarder l'échéance, le coût de ces revalorisations sera limité à 130 millions d'euros cette année (260 en année pleine).

Même si cette augmentation du C intervient moins d'un an après la précédente (+ 5 % au 1er août 2006), beaucoup de professionnels jugeront qu'elle a un goût amer ou de trop peu. D'abord parce que l'activité des médecins généralistes a stagné en 2006, ce qui relativise les choses. MG-France affirme même que 2006 «a été une année noire»; selon ce syndicat, le revenu net des médecins généralistes aurait baissé l'an passé de 1,7 %. Bref, pas de quoi se réjouir d'une «obole» quand il aurait fallu un « plan Marshall» pour les soins primaires.

L'inconnu de 2008.

Ensuite parce que cette augmentation a été arrachée en contrepartie d'engagements individualisés de prévention et de maîtrise médicalisée, une nouveauté conventionnelle qui inquiète une partie de la profession.

Enfin et surtout parce que cette hausse renvoie à plus tard (2008…) le passage tant attendu à 23 euros, qui devait résoudre l'équation C = CS à l'heure où les généralistes sont des spécialistes à part entière. Las. Le calendrier des 23 euros reste incertain : selon l'avenant signé en mars, les parties conventionnelles prévoient de mettre en oeuvre cette revalorisation au 1er juin 2008 «en fonction des marges de manoeuvre prévues par la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2008 et compte tenu de l'engagement des médecins dans la maîtrise médicalisée et dans la prévention en 2007 et 2008». Or, non seulement Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, a récemment souligné que tous les objectifs n'avaient pas été atteints, mais le gouvernement ne semble aucunement disposé à de grandes largesses budgétaires sur l'Ondam 2008 (objectif national de dépenses d'assurance-maladie). Les négociations tarifaires prévues en fin d'année risquent d'être toniques. Du côté des syndicats médicaux signataires, on soulignera qu'il était opportun de parapher au printemps un accord tarifaire qui aurait été encore plus difficile à négocier quelques mois plus tard. Le récent déclenchement du comité d'alerte (deux milliards de dérapage des « soins de ville ») a montré que les comptes de l'assurance-maladie évoluent sur une corde raide et la commission des comptes de la Sécurité sociale (Ccss) devrait corriger à la hausse, le 4 juillet, ces estimations de déficit pour 2007. Quant à la Cfdt, n'avait-elle pas appelé le gouvernement à revenir carrément sur la hausse du C ?

Dans ce contexte, et alors que les patients pourraient être mis à contribution dans les prochains mois (baisse du remboursement hors parcours de soins, déplafonnement du forfait de 1 euro par acte et demain franchises sur les dépenses de soins), l'euro de juillet apparaîtra peut-être comme un compromis acceptable, faute de mieux.

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> CYRILLE DUPUIS

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8196