Saint-Nazaire (66)
Dr Jean-Philippe Chancrin
À la lecture de la nouvelle du suicide dramatique d’un collègue pneumologue, je suis à la fois attristé et scandalisé ! Je suis d’autant plus touché que, praticien hospitalier à temps complet, je sors à peine d’un burnout sévère ayant entraîné un arrêt complet pendant 6 mois, et une reprise à temps partiel pendant 6 mois.
Mon constat est affligeant :
- Aucune démarche institutionnelle d’évaluation, de soutien et de prévention n’a été mise en place. Au contraire, des pressions ont été exercées sur le médecin du travail remettant en cause sa compétence. La pertinence de l’arrêt et la réalité du burnout ont été contestées tant par l’administration que par nombre de collègues, nécessitant au moins un recadrage en CME.
- La CPAM qui m’a contrôlé 3 fois a validé certes les arrêts mais s’est déclarée impuissante à générer une démarche relevant de l’institution.
- L’Ordre des Médecins peut-être ignorant de la situation ne s’est jamais manifesté.
- La mutuelle a certes joué son rôle de compensation économique mais n’a eu aucune autre démarche de soutien ou de prévention, alors que le burnout est une des causes principales d’indemnisation actuelle (en ne restant que dans ce domaine…).
- Il a fallu une lutte personnelle constante pour obtenir quelques restrictions protectrices lors de la reprise à temps partiel, aucune démarche interne au service ou à l’institution n’ayant été mise en place à ce moment
- L’administration s’est révélée complètement ignorante des textes, ne sachant même pas que mi-temps thérapeutique signifie travail à temps partiel allant de 30 à 90 %. Là encore, il a fallu des démarches presque coercitives pour obtenir ce qui est de droit. L’informatique hospitalière est incapable de gérer ces statuts et attribue d’office le statut de PH temps partiel au praticien en mi-temps thérapeutique quitte à le léser pour ses congés réglementaires.
En pratique ma survie, parce que dans un burnout il est bien question de survie, avec un taux de suicide chez les médecins très supérieur au reste de la population, tout en étant notoirement sous-estimé (une étude du CNRS a montré par exemple que les certificats de décès ne mentionnaient pas le suicide comme cause dans beaucoup de cas afin de ne pas léser les droits aux assurances des proches), ma survie donc, n’a tenu qu’à mon parcours et mon entourage, à toutes les démarches thérapeutiques personnellement mises en place et entièrement autofinancées.
Je suis consterné parce que je lis et m’associe à la peine de l’entourage de ce collègue. Combien faudra-t-il de suicides pour qu’une démarche organisée soit enfin mise en place, de prévention et prise en charge, démarche logiquement humaniste et juste ?
Alors qu’on nous serine au quotidien des couplets sur les économies à faire, les restrictions multiples nécessaires, une simple et ironique logique financière justifierait à elle seule ces démarches, au regard des coûts liés à l’épuisement professionnel, en particulier chez les médecins.
Mais pour qui se prend la FHF ?
Agneaux (50)
Dr Agnès Perrè-Michel
La FHF n’en a pas assez de débiter les mêmes inepties et de toujours tirer sur la même ambulance où se trouvent les médecins généralistes dont le nombre ne cesse de décroître.
Qu’elle nettoie devant sa porte et que cesse d’être déficitaire le secteur hospitalier qui représente pas loin des trois quarts des dépenses de la santé.
1) Pour ce qui est du tiers payant, depuis mon installation, j’ai arrêté de faire le calcul des paiements différés qui ne m’ont pas été réglés et le nombre d’heures que j’ai perdues pour contrôler si oui ou non mon travail a été récompensé. Les caisses font de rudes économies sur le dos des médecins libéraux. Je ne suis donc pas du tout chaude pour l’extension du tiers payant.
Moi, je crois que La FHF prend les choses à l’envers, il me semble indispensable que les personnes qui viennent encombrer, à tort, les urgences fassent l’avance de frais sauf véritables urgences c’est-à-dire les patients amenés par le SAMU, les pompiers ou envoyés par un médecin. Alors là, je peux vous dire que les urgences vont se désemplir vite fait.
Mais cela ne devrait pas plaire aux directeurs d’hôpitaux qui risquent de voir fondre une manne financière car un passage aux urgences n’a pas le même coût, loin de là, qu’une simple consultation de médecin généraliste même fériée ou de nuit.
2) Une fois de plus, la FHF oublie que les statistiques montrent que le taux de fréquentation le plus élevé des urgences se situe durant les heures d’ouverture des cabinets des libéraux et pas pendant les horaires de PDS.
De plus ces messieurs dames de la FHF devraient savoir que l’esclavagisme a été aboli dans notre pays depuis un certain temps. Le médecin libéral a, lui aussi, droit à un repos compensateur quand il a fini sa journée d’une bonne dizaine d’heures pour les plus chanceux et à son week-end après une semaine de 50 à 60 heures de travail – week-end pendant lequel il aura sans doute à se plonger dans la comptabilité ou en profitera pour se former pour se changer les idées.
Dans de nombreux départements, la PDS est réorganisée afin d’être supportable pour les libéraux, comme en Basse Normandie.
Un médecin épuisé est un médecin dangereux pour son patient et pour lui-même, le pilote a besoin de poser son avion de temps en temps !
3) Enfin, en ce qui concerne la liberté d’installation, pour le moment les patients ne font pas tant de kilomètres que cela pour consulter un généraliste, ce qui n’est pas le cas pour certaines parturientes de notre beau pays qui voient leur lieu d’accouchement s’éloigner dangereusement de leur domicile !
La coercition fera fuir les jeunes vers une autre filière que le libéral. Que l’État donne l’exemple en réouvrant ses services dans chaque petit bled de France !!! Nous sommes au vingt-et-unième siècle, le temps du médecin dont la femme ne travaillait pas et s’occupait de son secrétariat est bien fini. Actuellement le médecin, femme ou homme, a un conjoint dont la situation n’est bien souvent pas compatible avec un exil au fin fond de la France.
Pourquoi les médecins n’auraient pas le droit au rapprochement familial ?
Retraite, vous avez dit retraite !
Sèvres (92)
Dr Louis-Dominique Van Egroo
Nos « trop » « chers » élus vont se pencher sur nos retraites…
Égalité publique privée, réversion, durée de cotisation, régimes spéciaux, etc. etc., nous n’allons pas énumérer tous les points qui doivent être mis à plat.
Je leur propose de débuter tout simplement par un régime spécial qu’ils connaissent très bien, donc par leur propre cas, expliquer très clairement leur situation puis nous préciser les modifications qu’ils ont prévues pour eux… sans oublier les actuels retraités de la politique.
Ce cas pratique clinique, comme on aime à le dire dans notre profession, nous donnera une idée de l’effort à fournir pour le reste de la population.
Leçons de transparence
LES MOLIERES (91)
Dr Jean Hvostoff
« La transparence » est une expression très en vogue au gouvernement mais, me paraît-il, peu apprécié à l’Assemblée nationale.
Si le gouvernement a élaboré le décret dit « Sunshine Act » (ou « Acte d’ensoleillement » !) pour les médecins, en estimant qu’à partir d’une somme de 10 euros, l’industrie pharmaceutique a le pouvoir de les acheter, quel décret doit-il également instituer pour les députés socialistes et de droite qui ont accepté l’invitation à déjeuner du fabricant de cigarettes British American Tobacco qui a déboursé 10 000 euros pour ce repas (*) ?
Si la transparence des liens d’intérêts entre industriel et médecins devient obligatoire, et que cette transparence nécessite que tous les « avantages » perçus au-delà de 10 euros par les médecins soient rendus publics sur le web, par éthique et déontologie envers leurs électeurs, les députés ne devraient-ils pas appliquer cette même transparence ?
La morale de cette histoire : « Faites ce que je dis, pas ce que je fais. »
(*) « Le Journal du dimanche », « Le Canard enchaîné » (05/06/2013)
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