De notre correspondante
L A somnolence diurne n'est pas seulement cause d'accidents de la circulation, elle peut aussi, dans le cadre du travail, mettre en danger la santé du travailleur et de ceux qui l'entourent, et il est rare que les performances professionnelles n'en soient pas diminuées.
Les apnées du sommeil, souvent non diagnostiquées, et la narcolepsie sont une des causes essentielles de somnolence diurne et réduisent significativement la vigilance et l'attention et sont reconnues comme facteur d'accident du travail.
A l'embauche, le médecin du travail donne son avis sur l'aptitude médicale au poste de travail, puis il le renouvelle à l'occasion des visites annuelles ou en cas de reprise après un arrêt maladie.
Quelle est la conduite à tenir en cas de suspicion d'un trouble de la vigilance ?
Catherine Verdun-Esquer donne les modalités de cette prise en charge.
Le bilan clinique est la première étape : le médecin du travail, dûment formé au dépistage clinique des troubles de la vigilance, va rechercher les éléments en faveur d'une pathologie organique ou psychologique ou iatrogène à l'origine des troubles. Parallèlement, le médecin du travail évalue, au cours du bilan professionnel, le poste de travail du sujet afin d'identifier des facteurs professionnels susceptibles d'expliquer les troubles de la vigilance (charge de travail, stress chronobiologique, dette de sommeil, etc.) car les caractéristiques du poste de travail peuvent remettre en question l'aptitude médicale au poste (conduite, poste de sécurité). Pour confirmer ces troubles, il doit demander un bilan paraclinique, qui sera réalisé par un spécialiste du sommeil. Celui-ci commencera un traitement, si nécessaire, en concertation avec le médecin traitant.
Le suivi est l'objet d'une collaboration tripartite entre spécialistes des troubles du sommeil, médecin traitant et médecin du travail. Les deux premiers évaluent l'efficacité du traitement et son impact sur les performances. Ces données permettent au médecin du travail, qui connaît par ailleurs les caractéristiques du poste de travail, de se prononcer sur l'aptitude du sujet au poste et de demander un aménagement de poste adapté aux capacités du sujet, s'il le juge nécessaire.
Le médecin du travail, seul juge de l'aptitude
Que dire au patient ? Le patient doit être informé de sa pathologie par le médecin traitant et par le spécialiste des troubles du sommeil, et il doit connaître les conséquences de cette pathologie sur ses aptitudes professionnelles, notamment en ce qui concerne la conduite. Mais le médecin du travail est le seul à déterminer l'aptitude au poste. Il peut se prononcer sur l'aptitude à la conduite indépendamment de l'avis de la commission de permis de conduite.
En l'état actuel de la législation, l'information des autorités du permis de conduire est laissée à la sincérité du candidat et le secret médical interdit au médecin traitant, au médecin spécialiste des troubles du sommeil ou au médecin du travail d'informer la commission du permis de conduire d'une pathologie remettant en cause l'aptitude à la conduite. En cas d'accident lors de la conduite d'un véhicule, la responsabilité du conducteur peut être mise en cause s'il est établi qu'il connaissait sa pathologie et qu'elle n'a pas été traitée.
Tous les médecins qui ont en charge des personnes susceptibles de mettre en danger la vie d'autrui ou leur propre vie par leurs activités professionnelles devraient être formés au dépistage des troubles de la vigilance qui sont très sous-estimés dans la population.
D'après l'intervention de C. Verdun-Esquer (service de médecine du travail et des pathologies professionnelles, CHU Bordeaux) au cours des 5es Journées internationales des troubles du sommeil à Bordeaux.
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