LES DERMATOLOGUES bordelais présentent un travail rétrospectif d'étude des dossiers des enfants de moins de 15 ans ayant reçu un diagnostic de rosacée sur une période de dix ans. On trouve 20 enfants – 11 filles et 9 garçons – dans ce cas, d'âge moyen de 4,6 ans au moment de l'apparition des signes. Tous ont été examinés par un dermatologue et un ophtalmologiste pédiatrique.
Hyperhémie, chalazions, blépharoconjonctivites.
L'analyse des dossiers fait conclure tout d'abord que : l'association entre des signes oculaires et une dermatose inflammatoire faciale doit conduire à suspecter une rosacée». Chez les 20 patients, 11 avaient des signes dermatologiques et oculaires, 6 n'avaient que des signes cutanés et 3 uniquement des signes oculaires.
L'originalité de l'étude est qu'elle détaille la question rarement abordée des signes oculaires des rosacées de l'enfant. Chez 11 patients, les signes oculaires ont précédé les signes cutanés : sensation d'oeil qui pique, photophobie et chalazions bilatéraux.
«Les manifestations oculaires sont fréquentes, sous- ou mal diagnostiquées, conduisant à des complications ophtalmologiques.» Les manifestations les plus courantes sont l'hyperhémie oculaire, des chalazions et des blépharoconjonctivites. L'oeil peut être aussi le siège d'une inflammation des glandes des Meibomius, d'une kératite, voire, plus rarement, d'un ulcère de la cornée.
«Dans notre série, la plupart des enfants avaient des signes mineurs. Mais on compte tout de même deux ulcères de la cornée, quatre kératites et une blépharoconjonctivite sévère.» Or un ulcère de la cornée non diagnostiqué peut se compliquer d'une infection oculaire sévère, avec un risque de trouble de la vue.
Sur le plan cutané, les critères de l'adulte peuvent être utilisés chez l'enfant, car les présentations sont très similaires. La présentation la plus fréquente est une éruption papulo-pustulaire sur un fond de télangiectasies sur les aires convexes du visage, associées à une rougeur du visage ou un érythème chez les enfants à peau claire.
La forme papulopustulaire, qui est la plus fréquente, peut être difficile à distinguer d'une acné juvénile. Cependant, il n'y a pas de comédons dans la rosacée et les télangiectasies ainsi que la rougeur du visage sont absentes dans l'acné.
Bien sûr, chez les adolescents, l'acné et la rosacée peuvent coexister.
A distinguer d'autres dermatoses.
Les rosacées de l'enfant doivent être distinguées des autres dermatoses pédiatriques, comme la dermatite granulomateuse péri-orale, le granulome aseptique facial idiopathique, les poïkilodermes héréditaires, et évidemment les complications qui suivent un traitement par des topiques stéroïdiens.
Dans les formes légères, des topiques au métronidazole, à l'acide azélaïque ou à la niacinamide sont utiles. Pour les formes plus sévères, on donne du métronidazole par voie générale en traitement discontinu ou de la tétracycline à petites doses.
« Archives of Dermatology », vol. 144, n° 2, février 2008, pp. 167-171.
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