Signification des protocoles thérapeutiques
Plusieurs communications avaient en commun de porter sur des patients naïfs, recevant diverses trithérapies en monoprise. J. Jemsek et coll. (Caroline du Nord) ont utilisé, chez 24 patients, l'association ddI (250 mg/j)-3TC (300 mg/j) et tenofovir (300 mg/j). A l'inclusion, les CD4 étaient en moyenne de 133 copies et la charge virale de 4,91 (3,31 - 6,02) log. Cette étude a été interrompue prématurément (16 semaines en moyenne, au lieu de 24 semaines prévues), pour réponse virologique insuffisante après 4 et 12 semaines. De plus, l'analyse génotypique a mis en évidence une mutation M 1841V chez tous les patients et une mutation K65 R dans la moitié des cas.
L'étude Tonus, dont les résultats ont été présentés par R. Landman (Bichat - Claude-Bernard, Paris), a évalué l'association abacavir (600 mg/j) - 3 TC (300 mg/j) - tenofovir (300 mg/j) chez 38 patients dont la médiane de CD4 était de 224/m3 et celle de la charge virale de 4,87 log. Là encore, cet essai, dont la durée prévue était d'un an, a été interrompu prématurément en raison de la forte proportion d'échecs virologiques : 12 cas (33 %) à 24 semaines, le pourcentage d'échecs atteignant même 64 % quand la charge virale initiale dépassait 5 log. Tous les échecs s'accompagnent d'une mutation M 1841V et 82 % d'une mutation K65R.
La troisième étude présentée par R. Elion (Washington) permet peut-être d'expliquer les échecs précédents. En effet, l'association Trizivir (AZT-3TC-abacavir)-tenofovir, étudiée chez 88 patients (médiane initiale à 226 cellules/mm3 pour les CD4 et à 5,1 log pour la charge virale), semble donner des résultats supérieurs. Après 24 semaines, 78 % des patients ont eu une charge virale inférieure à 400 copies/ml et 67 % une charge virale inférieure à 50 copies/ml (la réponse virologique étant significativement meilleure quand la charge virale initiale était inférieure à 5 log). Enfin les fréquences des mutations M 1841V (37 %) et K65R (13 %) étaient bien inférieures à celles observées dans les autres essais.
Cela fait dire au Pr J. Mellors que la présence d'AZT semble associée à une meilleure réponse virologique qui peut s'expliquer par une véritable prévention de la mutation K65R. Une hypothèse renforcée par l'étude de l'évolution de la fréquence de la mutation 65R dans le temps : ce travail, effectué par l'équipe du Pr Mellors, montre qu'entre 1998 et 2003 cette fréquence est passée de 0,8 à 3,8 %, ce qui correspond à une diminution du recours à l'AZT dans les trithérapies destinées aux patients naïfs. « De quoi redonner un "coup de jeune" à l'AZT », conclut J. Mellors.
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