«LA SANTÉ apparaît peu dans les programmes (des candidats à l'Elysée), ou alors de manière générale, imprécise ou allusive», a regretté d'emblée Christian Saout, vice-président du Collectif interassociatif sur la santé (Ciss), lors d'un débat organisé par le Ciss à Sciences-Po Paris avec les représentants des principaux partis.
Le Ciss, qui fédère 24 associations de patients, de personnes handicapées et d'usagers, est entré à sa façon dans la campagne avec une plate-forme politique fondée sur des observations des membres du Ciss sur le terrain et des résultats d'un sondage Ipsos, réalisé le 8 et le 9 décembre dernier.
Selon ce sondage, les Français restent partagés sur les effets du parcours de soins instauré en 2005. Quarante-deux pour cent des personnes interrogées sont sceptiques, trouvant qu'il a rendu «ni plus facile ni plus difficile» l'accès aux soins, tandis que 39 % rencontrent davantage de difficultés qu'auparavant (45 % chez les femmes et 43 % chez les actifs). Seulement 15 % d'entre elles jugent l'accès aux soins «plus facile» depuis la réforme (contre 18 % chez les hommes et 20 % chez les inactifs) et 4 % ne se prononcent pas.
«L'idée du médecin traitant est une bonne idée mais, telle qu'elle a été appliquée, elle a été totalement pervertie», a déclaré le Dr Claude Pigement, du PS, invoquant «un magma tarifaire et des dépassements d'honoraires officialisés». «Les parcours de soins ne fonctionnent pas», a renchéri Jean-Luc Gibelin, du PCF. Pour André Cicolella, des Verts, «il faut revenir sur la réforme de 2004 qui prépare une logique de privatisation». «On ne veut pas privatiser l'assurance-maladie», a rétorqué aussitôt le Dr Philippe Juvin, de l'UMP. Le conseiller santé de Nicolas Sarkozy a trouvé «absurde» cette idée de privatisation rampante parce que «l'assurance-maladie est le meilleur outil de mutualisation des risques». «Personne n'envisage aujourd'hui de privatiser l'assurance-maladie, mais il y a un problème de gouvernance», a rectifié aussi Daniel Solaret, de l'UDF. Il a rappelé à cet égard que son parti a un «grand projet de régionalisation (de la santé) avec des représentants des patients et des usagers à tous les étages». Les Verts envisagent de même la création d'un «conseil régional de santé» composé de «trois collèges» (élus, assurés et professionnels de santé), a précisé André Cicolella. Quant au PS, il mise sur les «seconds états généraux de santé» promis par Ségolène Royal pour «s'approcher au plus près des territoires et des gens», selon le Dr Pigement.
Autre réforme qui ne fait pas l'unanimité : la tarification à l'activité (T2A) des établissements de santé. Le PCF est «contre la T2A car l'enveloppe est fermée», a affirmé Jean-Luc Gibelin. «La preuve» que la T2A «ne colle pas à l'activité», a-t-il fait valoir, c'est que le gouvernement «baisse les tarifs» en cas de dérapage. A l'inverse, l'UMP souhaite «une application à 100%» de la convergence tarifaire, tandis le PS préconise «une pause» afin de ne «pas asphyxier l'hôpital».
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