Le ginseng, renommé pour ses vertus toniques, est l'une des phytothérapies les plus utilisées de par le monde. Toutefois, sa toxicité potentielle est très peu étudiée.
« Bien qu'il y ait de nombreux rapports dans la littérature concernant le bénéfice potentiel du ginseng, on ne sait pas grand-chose sur sa toxicité éventuelle, et il n'existe aucune donnée sur ses effets potentiels sur le ftus humain en développement », explique dans un communiqué le Dr Louis Chan, gynéco-obstétricien à l'université chinoise de Hong Kong, qui a dirigé l'étude.
« Cependant, une enquête publiée en 2001 montre que plus de 9 % des femmes enceintes rapportent prendre des phytothérapies et, en Asie, jusqu'à 10 % des femmes prennent du ginseng pendant la grossesse. » Ces phytothérapies, comme les extraits de ginseng, sont en vente libre, souligne-t-il, dans de nombreux pays. De plus, d'après une récente enquête menée par le Dr Chan, 55 % des femmes à Hong Kong ont pris des phytothérapies chinoises traditionnelles pendant la grossesse.
Son étude de tératogénicité sur l'embryon de rat est publié dans « Human Reproduction », une revue de la Société européenne de reproduction et d'embryologie humaine (ESHRE).
Le ginsenoside Rb1
L'équipe a testé le ginsenoside Rb1, un des principaux composants actifs du ginseng. Des embryons de rats âgés de 9 jours, en culture, ont été exposés à diverses concentrations de ginsenoside, puis les chercheurs ont examiné, à la fin du temps de culture, l'effet sur la croissance et la différenciation des organes importants (score morphologique, dont le score diminue avec le nombre d'anomalies).
L'étude montre un effet tératogène direct pour des concentrations de ginsenoside égales ou supérieures à 30 µg/ml.
Ainsi, à 30 µgrammes, le score morphologique moyen des embryons est significativement plus faible (35 contre 45) que celui des embryons témoins. Ce score baisse encore davantage (28) pour une exposition à 50 µg, avec, de surcroît, raccourcissement de taille et baisse du nombre des cellules précurseurs des muscles. De plus, puisque le score est dépendant de la dose, il est possible que des concentrations plus basses que 30 µg aient causé des anomalies moins sévères, non détectées par la méthode d'évaluation.
« Cela veut dire que le ginsenoside est capable de provoquer des malformations chez les embryons de rat », résume le Dr Chan.
« Bien que les résultats des études animales de tératogénicité puissent ne pas refléter les circonstances trouvées chez les hommes, nos résultats suggèrent que des investigations supplémentaires sont justifiées, ainsi que la surveillance des effets embryonnaires du ginsenoside pendant la grossesse humaine », souligne-t-il.
Le ginsenoside Rb1 n'est qu'un des vingt ginsenosides trouvés dans les phytothérapies à base de ginseng. Des études précédentes ont montré que les différents ginsenosides peuvent avoir des actions différentes. Aussi, des études devront évaluer les effets tératogènes potentiels des autres ginsenosides.
« En attendant d'avoir plus d'informations chez les humains, les femmes devraient être prudentes sur l'usage du ginseng durant les trois premiers mois de grossesse », met en garde le Dr Chan, « et il est toujours conseillé, pour les femmes enceintes, qu'elles consultent leur médecin avant de prendre un supplément phytothérapeutique. »
« Human Reproduction », 25 septembre 2003, www.eshre.com
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