Institué par la réforme de l’assurance maladie en 2004, le dossier médical personnel (DMP) ne parvient pas à décoller malgré une relance en 2009 et l’ouverture du service en 2011. Début décembre, 410 695 DMP avaient été créés. Cependant, l’objectif n’est pas simplement d’ouvrir un DMP, mais de l’alimenter en informations, ce qui relève de la responsabilité des professionnels de santé. Ces derniers auraient tout à y gagner : une réduction du temps de transmission des comptes-rendus et une meilleure coordination des soins avec la médecine de ville. Mais le dispositif séduit peu.
Pour susciter la confiance, la démarche doit être fondée sur les besoins réels et sur des critères de confidentialité, de disponibilité et d’accès. Les « voies et moyens » pour parvenir à un outil utile « doivent être clarifiés », avait en outre préconisé, en janvier 2013, Jean-Yves Robin, à l’époque directeur de l’Agence des systèmes d’information partagés en santé (Asip), laquelle pilote le dispositif.
Critiques sévères
La mise en œuvre du DMP a essuyé de nombreuses critiques. La ministre de la Santé a ainsi estimé, à l’automne 2012, devant les députés, que les DMP ouverts étaient « largement théoriques », et que les professionnels « n’y voyaient pas un soutien à leur pratique quotidienne ». Elle a aussi remis en cause la gouvernance du projet qu’il fallait selon elle « revoir ». Depuis lors, Jean-Yves Robin a quitté ses fonctions fin novembre…
Mais, pour la Cour des comptes, le ministère est loin d’être exonéré de ce constat d’échec. Dans leur rapport de février 2013, les sages de la rue Cambon ont porté un jugement sévère sur l’inadéquation du DMP aux besoins des praticiens, l’utilisation des ressources publiques, la disproportion entre le coût (210 millions d’euros entre 2004 et fin 2011) et les résultats. Ils ont également critiqué le pilotage « gravement défaillant de l’État » et « l’absence de stratégie des tutelles », en particulier du ministère de la Santé. Ils ont aussi noté que les modalités, les bénéficiaires et le pilotage du DMP de « deuxième génération » restaient encore à définir. La ministre avait alors répondu qu’une « feuille de route » devrait être « rapidement élaborée ».
Objectifs pour 2014
Depuis lors, aucun calendrier n’a été avancé. La ministre a simplement évoqué, en octobre dernier au Sénat, la relance du dispositif. Elle a par ailleurs expliqué qu’elle aurait l’occasion de préciser prochainement la deuxième étape de la vie du DMP. « Nous allons engager le déploiement de ce dossier médical dans le sens souhaité ou identifié par la stratégie nationale de santé, c’est-à-dire concentrer les développements des dossiers médicaux sur les personnes âgées et sur les personnes atteintes de maladies chroniques afin qu’il y ait un intérêt immédiatement visible à la fois par les professionnels libéraux et professionnels hospitaliers », a-t-elle expliqué aux sénateurs en précisant qu’un chef de projet en charge du lancement de cette nouvelle étape serait prochainement nommé. Affaire à suivre…
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