Le bouclier sanitaire, une idée chère à des personnalités aussi différentes que Martin Hirsch ou le député UMP Jean-Pierre Door, vient de trouver un nouvel avocat en la personne de Jacques Attali. Dans son second rapport au Président de la République, « Une ambition pour dix ans » qui compile 25 propositions censées réduire la dette publique, il suggère, à son tour, de supprimer les ALD. Celles-ci seraient remplacées par un bouclier sanitaire pour lequel il imagine un dispositif relativement simple. Dès lors que les dépenses à la charge d’un patient, chronique ou non, atteindraient un certain seuil au cours d’une année civile, « se déclencherait une prise en charge à 100 % des dépenses de santé, quelle que soit la pathologie ». Selon l’ancien conseiller de François Mitterrand, « ce bouclier sanitaire simplifierait les systèmes d’exonération existants et limiterait les effets pernicieux de la complète gratuité ». Dans l’hypothèse d’un bouclier sanitaire fixé à 450 euros pour les soins de ville, les économies réalisées pourraient atteindre jusqu’à deux milliards d’euros sur trois à cinq ans.
En ce qui concerne les complémentaires, le rapport pointe leurs coûts de gestion jugés « énormes » (6 milliards de frais pour 24 milliards de prestations). Il suggère aussi qu’elles puissent « agréer les professionnels de santé dont elles acceptent de rembourser actes et prescriptions en contrôlant leur pratique ». Une idée qui risque de provoquer une belle levée de boucliers. Autre proposition iconoclaste : « supprimer progressivement les numerus clausus des médecins et pharmaciens ». Ce système contribue selon l’auteur « à un rationnement de l’offre de soins préjudiciable aux patients », « réduit la concurrence » et « pousse à une hausse des tarifs sans améliorer la situation des professions de santé ».
Pour le reste, Jacques Attali souhaite aussi « un renforcement de la gouvernance de la santé à l’échelle des régions », une dynamique a priori déjà initiée par la loi HPST qu’il estime « inspirée par notre premier rapport ». Grâce aux ARS, « le transfert d’activité de l’hôpital vers des structures d’aval ou des solutions alternatives à l’hospitalisation complète permettra non seulement d’améliorer la qualité des soins mais également de réaliser des économies importantes, » juge-t-il. Ni le ministère de la Santé, ni l’Assurance-maladie n’ont fait de commentaires sur ces propositions.
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