« Il faut interdire la production, la distribution et la consommation de tabac ». Déclaration sans équivoque signée Jacques Attali sur son blog éponyme. « On remettrait en cause quelques emplois ; les États perdraient quelques recettes ; on encouragerait pour un temps le marché noir ; on devrait faire quelques dépenses pour désintoxiquer ceux qui le sont. Mais on gagnerait tant en qualité et en espérance de vie que le bilan, même économique, serait évidemment partout positif », écrit-il dans un billet intitulé « bien pire que le Mediator : le tabac ».
Si le scandale du médicament s’avère « exemplaire d’une inquiétante dérive de notre système de santé », Jacques Attali juge parallèlement « ahurissant » que personne ne traite « avec la même sévérité » le tabac, ce produit « totalement inutile, à la nocivité aujourd’hui avérée, consommé chaque jour par 1,3 milliard de personnes dans le monde et qui fait chaque année 5 millions de morts, soit plus que le sida et le paludisme réunis ». Bannir totalement le tabac de notre société ne relève-t-il pas toutefois de la pure utopie ?
A lire les commentaires des internautes sur ce billet, très majoritairement hostiles à toute idée de prohibition, on imagine que ce « combat d’évidence » (dixit Jacques Attali) ne sera pas pour demain. Pour Gérard Audreau, président de l’association Droit des non-fumeurs (DNF), « (Jacques Attali) a raison sur le fond mais c’est impossible sur la forme.(...) Il y a quand même 20 % de la population française qui fume. (…) On ne peut pas faire ça du jour au lendemain ». Le Pr Bertrand Dautzenberg, président de l’Office français de prévention du tabagisme (OFT), serait en revanche en faveur d’« un contrôle progressif du tabac », à l’image de la Finlande qui a voté en octobre 2010 un ambitieux programme censé aboutir à la fin du tabac dans 30 ans.
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