Alors que cette semaine le référentiel métier « médecine générale » est pour la première fois présenté au congrès toulousain du CNGE, l’ouvrage des Drs Drs Jean Brami et René Amalberti sobrement intitulé « la sécurité du patient en médecine générale » arrive à point nommé.
Peut on imaginer qu’un pilote fasse décoller son avion avant d’avoir vérifié le kérosène, le pilote automatique, l’état des réacteurs ? Ou qu’il ignore la procédure d’atterissage d’urgence ? La liste des vérifications est une phase capitale qui sert à contrôler méthodiquement si l'appareil est en état. Un médecin qui s’embarque avec un patient pour une consultation de 16 minutes, coche t-il une check list de la même manière qu’un pilote ?
C’est à cette dynamique que nous invite ce livre dense, intelligent, et pratique à la fois, qui constitue sans aucun doute la première pierre dans l’édifice « sécurité » à destination des médecins généraliste. Il dresse un premier bilan rassurant puisque moins de 10% des erreurs médicales sont liées à un manque de connaissance. Les médecins commettent dans l’immense majorité de cas des erreurs de routine, des ratés d’exécution - comme écrire sur l’ordonnance ce que l’on vient de dire au patient au lieu du bon traitement-, ou des erreurs d’attention - liées par exemple à l’intrusion du téléphone dans la consultation.
Ce chantier de la sécurité du patient en médecine générale est vaste mais l’enjeu est majeur. La demande croissante de sécurité s’inscrit comme une priorité directe de nos sociétés. L’industrie a depuis longtemps montré la voie dans ce domaine. Si le secteur hospitalier rattrape progressivement son retard dans le sillage des Anglo-saxons qui dans les années 90 ont propulsé la sécurité du patient dans les agendas politiques, il en est autrement de la médecine générale. Débordé par la paperasserie administrative et les salles d’attente bondées, il reste peu de temps au médecin généraliste pour organiser ses consultations et protocoliser ses soins. Le recours au spécialiste pour avis est de plus en plus complexe et le médecin prend sur le fil du rasoir des décisions rapides sur des pathologies très différentes.
Mais le jeu en vaut la chandelle, car l’erreur fait toujours deux victimes, le patient et le médecin.
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