FIANCES DEPUIS 2004 quand AstraZeneca prenait 20 % des parts du Laboratoire Cambridge Antibody Technology (CAT) en échange d’un partenariat privilégié de cinq ans, les deux parties se sont finalement dit oui l’année dernière. Astrazeneca a dû tout de même débourser près de 1 milliard d’euros. «L’excellente progression de notre alliance a démontré le potentiel d’un travail en synergie entre nos deux organisations. L’acquisition de CAT par AstraZeneca représente une suite logique dans le développement de notre société. CAT devient ainsi une plate-forme centrale aux projets d’AstraZeneca qui souhaite occuper une place internationale majeure dans la recherche et le développement de thérapeutiques biologiques», souligne Hamish Cameron, directeur de CAT.
Depuis deux ans, les deux laboratoires ont entamé un programme de recherche commun pour découvrir et développer des médicaments à base d’anticorps humains, principalement dans le cadre des maladies inflammatoires. Leur nouvelle alliance ciblera également l’oncologie et les pathologies respiratoires. Désireux d’accroître son « pipeline » de nouveaux produits, Astra Zeneca entend notamment se repositionner dans le développement des produits biopharmaceutiques en renforçant ses capacités de recherche et développement dans ce secteur.
D’ici à 2010, près de 25 % des produits développés par AstraZeneca seront issus des thérapeutiques biologiques. «AstraZeneca bénéficiera de l’expertise de CAT concernant les procédés technologiques et de recherche préclinique. De son côté, CAT profitera des vastes connaissances d’AstraZeneca dans le domaine des pathologies, de ses grands moyens de développement, de son expérience des marchés globaux et de la stabilité qu’une grande entreprise pharmaceutique peut offrir», poursuit Hamish Cameron.
Pari gagnant.
Fondé en 1990, Cambridge Antibody Technology met au point des ressources thérapeutiques qui exploitent et imitent le système immunitaire du corps humain. Aujourd’hui, 25 % des médicaments de biotechnologies sont développés à partir d’anticorps monoclonaux.
«Chaque anticorps est associé à un antigène spécifique. Il est ainsi capable de reconnaître son antigène parmi des milliers d’autres. Une fois la cible antigène reconnue, l’anticorps s’y attache fortement et aide à son élimination de l’organisme. Ces propriétés font des anticorps une voie très prometteuse dans le cadre d’agents thérapeutiques potentiels», estime Hamish Cameron.
Ce « petit » laboratoire employant 300 personnes à Cambridge et en Californie, fait partie de ces nombreuses antichambres de la recherche en matière de biotechnologies. Collaborant avec de grands groupes pharmaceutiques, CAT a créé avec l’américain Abbott, le blockbuster Humira dont les ventes ont dépassé le milliard de dollars en 2005. Premier médicament issu de l’industrie « biotech » britannique à rencontrer un tel succès, il est distribué dans le cadre du traitement de la polyarthrite rhumatoïde, du rhumatisme psoriasique et de la spondylarthrite ankylosante.
Leader dans la découverte et le développement des anticorps humains à usage thérapeutique, le laboratoire de Cambridge a mis au point une technologie avancée permettant d’isoler les anticorps humains monoclonaux.
Le Laboratoire CAT dispose aujourd’hui d’une bibliothèque de plus de cent milliards d’anticorps différents. Elle a été établie sur la base de dons d’échantillons de sang et de tissus de personnes volontaires et en pleine santé. A partir de cette banque de données considérable, les chercheurs peuvent isoler des anticorps humains et les confronter à des cellules cibles. «Pour être efficace, une bibliothèque doit être suffisamment grande et variée pour déterminer l’anticorps à tout antigène donné. Plus la base d’échantillons est grande, plus fortes sont nos chances d’identifier un antigène répondant parfaitement à nos cibles moléculaires».
Les anticorps monoclonaux peuvent être utilisés pour bloquer et/ou moduler la fonction immunitaire afin d’empêcher certaines réponses cellulaires. Environ 125 de ces anticorps sont actuellement en phases d’essais cliniques dans le monde, ce qui laisse augurer un développement significatif de ces produits dans le marché pharmaceutique des cinq à dix prochaines années. «Les technologies de production d’anticorps monoclonaux se sont grandement améliorées et les coûts de production ont fortement diminué. Patients et médecins semblent dorénavant réceptifs aux biothérapeutiques. Bien qu’AstraZeneca soit entré tardivement dans le secteur des anticorps monoclonaux, nous devons rechercher les meilleures cibles thérapeutiques et opportunités commerciales qui apporteront les plus grands bénéfices aux malades. Nous devons aussi penser dès à présent aux prochaines générations de biothérapeutiques qui offriront des coûts de production encore inférieurs», indique Hamish Cameron.
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