Si l'asthme est provoqué par des facteurs environnementaux, tels que l'exposition aux allergènes, sa composante génétique n'en demeure pas moins importante. Les atteintes familiales et d'enfants jumeaux en sont la preuve. A ce jour, des études de liaison avaient révélé une douzaine de régions du génome associés à l'asthme. Un nouveau travail de recherche est publié dans la revue « Nature ».
Cette étude, menée auprès de 460 familles d'asthmatiques d'origine caucasienne, vivant aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, a recherché des analogies génétiques auprès des membres de fratries (de mêmes parents biologiques) répondant à la définition phénotypique de l'asthme : tous avaient un diagnostic formel établi par un clinicien et prenaient des traitements spécifiques.
Le chromosome 20
L'analyse de liaison a mis en cause deux régions situées sur le chromosome 20. Afin de préciser les locus concernés, les chercheurs anglo-saxons ont reconduit leur recherche sur des phénotypes plus homogènes incluant un asthme ou une hyperréactivité bronchique associé à des IgE sériques totales élevées ou des IgE spécifiques positives. Les 274 familles sélectionnées ont permis de concentrer les recherches sur l'une des deux régions. Les généticiens ont ensuite entrepris l'identification des gènes présents dans la région sélectionnée et de leur polymorphisme. Pour savoir si le polymorphisme des gènes candidats pouvait également être associé à une fréquence accrue d'asthme, les auteurs ont pratiqué une étude d'association avec des sujets de la fratrie indemnes d'asthme (cas-témoins). Ainsi, en comparant la fréquence des allèles et des génotypes de 130 personnes souffrant d'une hyperréactivité bronchique à celle de 217 témoins « sains », les chercheurs ont identifié le gène ADAM 33. Les gènes de la famille ADAM codent pour un sous-groupe de la superfamille des métalloprotéases. Ces protéines, insérées dans la membrane, sont impliquées dans des mécanismes divers, en particulier la traversée de la membrane par des protéines sécrétées ou par des protéines de surface.
Fibroblastes et cellules musculaires lisses
La recherche par PCR du produit de transcription du gène ADAM 33 a mis en évidence une expression dans les fibroblastes et les cellules musculaires lisses des voies aériennes mais pas dans les cellules de l'épithélium bronchique. « Par conséquent, concluent les chercheurs, les altérations de l'activité des protéines ADAM 33 ou la baisse de leur niveau d'expression seraient responsables du remodelage des voies aériennes et du bronchospasme mais pas des caractéristiques immunologiques de l'asthme. Cette hypothèse est d'autant plus plausible que les protéines ADAM sont impliquées dans la fusion myogénique et la libération de facteurs de croissance. »
Paul Van Eerdewegh et coll., « Nature », vol. 418, 25 juillet 2002.
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